7 mai, Grenoble : face à Le Pen, la résistance antifasciste s'est faite entendre
Le 7 mai 2014, le Front National, parti vitrine de l'extrême-droite, voulait mobiliser ses troupes à Grenoble et occuper de nouveau l'espace médiatique : le FN avait prévu un meeting , dont le sujet annoncé était les prochaines élections européennes, avec comme têtes d'affiche Jean-Marie Le Pen et Bruno Gollnisch.
Un meeting Front National à Grenoble, ce parti qui, derrière une normalisation de façade, véhicule une idéologie à la Maréchal Pétain, antisociale et xénophobe, un meeting FN dans Grenoble, une ville encore très marquée par la mémoire de la Résistance face aux nazis et au pétainisme ?
Pari risqué et perdu , car l'opposition à ce parti d'imposteurs fascisants s'est faite entendre, fortement.
"Appel unitaire antifasciste", malgré des délais très courts
Ce n'est que le 1er mai qu'on apprenait à Grenoble le projet du FN. Difficile de s'organiser et surtout de mobiliser en pleine période de vacances scolaires et de jours fériés ! Mais rapidement, les associations et organisations regroupées avec le Collectif isérois LUCIDE (LUtte Contre les Idées d'Extrême-droite) se concertent et définissent un double objectif :
- Faire entendre dans les médias un autre discours que celui du FN.
- S'opposer à la banalisation du parti de l'extrême-droite, même repeint en brun-marine.
C'est pourquoi il est décidé d'appeler à une manifestation qui se rendra jusque devant Alpexpo, lieu du meeting lepéniste.
Les premiers signataires de cet appel "unitaire et antifasciste" étaient les associations suivantes : ADIRP (Association des Déportés, Internés, Résistants et Patriotes), RLF Isère (Réseau de Lutte contre le Fascisme / Ras L' Front ) Osez le féminisme, LIFPL (Ligue Internationale des Femmes pour la Paix et la Liberté) , Iran solidarité, le CIIP (Centre d'Information Inter Peuples) le CSRA (Comité de Soutien aux Réfugiés Algériens), SOS Racisme.
Côté syndicats et partis, on trouvait : UNEF UNL (Union Nationale Lycéenne), SUD Solidaires, l'UD CGT, la CNT. le NPA, le PCF, Les Alternatifs, le Parti de Gauche, la Gauche Unitaire, la Gauche Anticapitaliste.
Des groupes de jeunes, comme "Grenoble Antifa United", se sont activés eux aussi pour diffuser l'info, sur les réseaux sociaux ainsi que dans la ville.
Des flyers et des affiches sont apparues, appelant à la manifestation, "pour que vive Grenoble, métissée et populaire".
De son côté, la toute nouvelle majorité municipale grenobloise a également fait savoir son refus de la banalisation du parti néofasciste :
Face au FN, une manifestation pluraliste et déterminée
Le cortège s'est formé en un lieu doublement symbolique ; devant la Bourse du Travail (siège de plusieurs syndicats de salariés) , dans le "célèbre" quartier de La Villeneuve.
Parmi les 300 manifestants, on a vu de nombreux jeunes, antifascistes ou bien habitants des quartiers populaires proches qui reprenaient les slogans. Les associations étaient là aussi (et bien sûr RLF / Réseau de Lutte contre le Fascisme-Ras L' Front) ceux des syndicats et partis également, ainsi que des élus, EELV ou Front de Gauche.
Une banderole illustrait bien les larges motivations de cette manifestation antifasciste et unitaire :
"Combattons les mille facettes du fascisme : racisme, homophobie, ordre moral, discriminations..."
La manifestation est arrivée jusque devant Alpexpo, le lieu de la réunion du parti fascisant, protégé par des cordons de CRS. Les slogans ont redoublé de vigueur : "Grenoble, Grenoble, antifasciste !" , "1ère, 2ème, 3ème génération, nous sommes tous des enfants d'immigrés ! ", "C'est pas les roms, c'est pas les immigrés, c'est pas les sans-papiers qu'il faut virer, c'est Le Pen et ses fachos !". Sans oublier le : "F comme fachos, N comme nazis !".
Echec au FN
Cette détermination a fait comprendre à certains des supporters FN qu'ils n'étaient pas encore en terrain conquis et leur a fait rebrousser chemin. La presse a noté le passage d'un individu "tout de noir vêtu", faisant ce geste de la "quenelle", qui est devenu le signe à la mode chez les fachos et racistes en tous genre, un substitut au salut hitlérien.
Pendant ce temps-là, à l'intérieur, l'ambiance se crispait nettement. La conférence de presse de Le Pen et Gollnisch résonnait des slogans et pétards antifascistes, les militants FN s'énervaient, les yeux rougis par les gaz lacrymo (des lacrymogènes initialement destinés aux manifestants !).
Le meeting qui a suivi a réuni moins de 200 personnes, et très vite, il n'a plus été question d'élection européenne : les esprits lepénistes se sont échauffés, et ont tenté une pitoyable sortie pour "aller montrer qui on est". Pour d'autres détails, voir le savoureux récit du Dauphiné Libéré.
Pour agrandir, clic-gauche sur l'image.
Les militants et responsables FN ont encore perdu leur sang-froid et leur fausse "normalité démocratique" avec les journalistes de FR3. En effet, les néofascistes, énervés, ont interdit l'entrée de leur meeting à FR3 , qui voulait pourtant faire un reportage sur la campagne électorale de Le Pen ! (« ce sont les enc… de France 3, on ne les laisse pas entrer !».)
Résultat : on a vu à la télé un direct, celui sur la manifestation, au cours duquel des antifascistes ont expliqué le sens de leur présence, mais aucun reportage sur la campagne du FN ! (Voir les explications du Directeur Régional de FR3 )
Le reportage, diffusé en direct par FR3, sur la manifestation antifasciste :
Très savoureux aussi, ces aveux de "Télé Le Pen", çàd. l'interview vidéo hebdomadaire de Le Pen sur le site du FN, "Journal de bord de Jean-Marie Le Pen, n°362". Après avoir très grossièrement prétendu la présence de 500 personnes au meeting de Grenoble, le chef historique du FN est interrogé sur les "incidents". Le Pen est bien obligé de reconnaître, avec une certaine fureur, le revers subi par le Front National à Grenoble.
A grands cris, Le Pen et Gollnisch ont annoncé une "plainte, au pénal" contre le nouveau maire de Grenoble, Eric Piolle (EELV), au motif qu'Eric Piolle avait alerté le Préfet et lui demandait d'envisager l'annulation du meeting FN. Il s'agit bien sûr avant tout de la tactique de comm' habituelle du FN, qui cherche à occuper les médias en annonçant sans cesse des "plaintes" qui souvent n'ont aucune suite judiciaire.
On se souvient des tentatives d'intimidation, évidemment médiatisées, de Marine Le Pen qui avait annoncé des "plaintes" contre quiconque qualifiera le Front National de parti d'extrême-droite ....
Et bien, oui, nous le répèterons haut et fort : tous ensemble, barrons la route au FN, le parti-vitrine de l'extrême-droite et du néofascisme !
Et s'il fallait démontrer de nouveau l'idéologie profonde du FN, une idéologie raciste et fascisante , voici Le Lab / Europe 1, 13 mai 2014 : Un élu FN de Tournan-en-Brie attaque un conseiller sur ses origines algériennes : "Des cons comme toi, j’en ai tué plein pendant la guerre !"
Vidéo : Cortège antifasciste contre la venue de Jean Marie Le Pen à Grenoble, le 7 mai 2014.
Pour que vive Grenoble métissé et populaire .
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