Vigilance Isère Antifasciste

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Après Toulouse et Montauban : le cirque Le Pen

Cet article  sera  prochainement complété.

Certaines positions de Mohamed Sifaoui sont très critiquables. Mais dans son article, il fait de salutaires rappels de mémoire.

 

par Mohammed SIFAOUI, le  22/03/2012 :

Le cirque de Marine Le Pen

La cheftaine du Front National a trouvé un publiciste. Il a pour nom Mohamed Merah!

Voilà une candidate à une élection présidentielle qui a su, quelques heures seulement après l'identification du terroriste, s'engouffrer dans la brèche pour dérouler son discours habituel non sans une instrumentalisation éhontée de l'émotion suscitée par le meurtre barbare de trois enfants, d'un père de famille et de trois militaires français. Instrumentalisation enrobée de quelques mensonges et autres postures indécentes.

Voilà la représentante de l'extrême droite française qui, il y a quelques années, expliquait en substance, à travers son programme, qu'il y avait trop de soldats musulmans et/ou maghrébins dans l'armée française et qui pousse l'indécence à son extrémité, car le calcul politique cynique l'exigeait, en se rendant à la cérémonie de recueillement de trois soldats, d'origine maghrébine, lâchement assassiné par un salafiste djihadiste. Première hypocrisie.

Voilà la représentante de l'extrême droite française à la tête d'un parti qui s'est illustré depuis plusieurs années par un antisémitisme idéologiquement assumé et qui vient, au lendemain de la barbarie perpétrée à Toulouse, déverser des larmes de crocodiles et s'indigner de l'antisémitisme alors que son courant en est l'un des promoteurs historiques. Deuxième hypocrisie.

Voilà la représentante de l'extrême droite française qui, dès mercredi matin, sur une chaîne d'informations, pousse l'outrecuidance à son paroxysme en proposant d'organiser un référendum sur le rétablissement de la peine de mort. Un autre exemple qui montre que le Front national est capable d'utiliser n'importe quelle tragédie pour remettre en cause certains acquis de la société démocratique. Faut-il rappeler que l'abolition de la peine de mort obéit d'abord et avant tout à une avancée philosophique qui met en exergue le fait que les sociétés modernes sont capables de répondre à la barbarie, y compris la plus abjecte, par un humanisme qui semble être totalement étranger à la tête de file du parti extrémiste?

Si les sociétés modernes opposent la barbarie à la barbarie, la haine à la haine, c'est qu'elles ont déjà perdu la bataille idéologique que leur imposent les tenants et les défenseurs des pensées totalitaires. Inutile de préciser que la "revendication", pour le moins inopportune, de Marine Le Pen n'a jamais été formulée lorsqu'il s'agissait de répondre à des fascistes d'extrême droite ou à des pédophiles. Il y a un pas que la cheftaine du FN n'a pas osé franchir, c'est de réclamer le rétablissement de la peine de mort exclusivement pour les terroristes et les criminels d'origine étrangère. Troisième hypocrisie.

Voilà la représentante de l'extrême droite française qui, tout en usant de mensonges éhontés, prétend, sur une radio nationale, qu'elle aurait été la première à dénoncer l'islamisme. Il faut être amnésique pour accorder un quelconque crédit à une telle saillie. Marine Le Pen -tout comme son père- abrite, depuis très longtemps, dans les rangs de leur parti, des intégristes catholiques. C'est dire d'abord que la candidate d'extrême droite et ses affidés ne sont pas totalement imperméables aux courants extrémistes religieux ni d'ardents défenseurs de la laïcité.

D'autre part, ce parti est, depuis plusieurs années, un soutien assumé de la République islamique d'Iran et de ses mollahs. Des intégristes avec lesquels ils partagent notamment un antisémitisme traditionnel et une haine d'Israël. (1) Lorsqu'on s'accommode d'islamistes chiites iraniens et qu'on prétend combattre l'islamisme en France, on ment. Lorsqu'on combat l'islamisme, on ne fréquente pas les illuminés du centre Zahra dont la proximité avec les mollahs iraniens n'est plus à démontrer. Marine Le Pen n'a fait, en réalité, que mettre à jour le logiciel du Front National et surtout ses "éléments de langage", en instrumentalisant honteusement et de manière cynique l'actualité.

Marine Le Pen et son parti, en manque d'imagination, sont allés jusqu'à plagier une affiche de campagne du parti ultra-nationaliste suisse l'UDC. Intitulée "Non à l'islamisme", cette affiche présentée pendant les dernières élections régionales a fait l'objet de poursuites judiciaires et de condamnations car elle présentait un affreux amalgame entre des symboles musulmans (minarets), intégristes (burqa) et l'Algérie. Le message était clair, il ne visait pas une dénonciation de l'islamisme, mais il s'agissait d'une opération dont l'objectif consistait à faire ce glissement entre islam, islamisme, terrorisme et immigration. On ne dénonce pas l'islamisme en amalgamant les tueurs salafistes et leurs victimes musulmanes. Faut-il rappeler que les Algériens ont, durant plusieurs années, subi le terrorisme islamiste et l'ont combattu? Quatrième hypocrisie.

Le drame est immense, la tension aussi. Ceux qui pensent que les réponses à apporter au salafisme djihadiste doivent être puisées dans le cirque de Marine Le Pen se trompent. Aucun calcul politique, aucune stratégie égoïste n'a le droit de jouer avec ces questions si sensibles. Le sujet est à la fois grave et complexe. Il n'accepte aucune approche simpliste ou caricaturale.

Les extrêmes droites européennes et singulièrement le Front national utilisent les arguments offerts par les salafistes pour donner plus de tonus à leur idéologie xénophobe et haineuse. Nous avons souvent face à nous deux extrémismes qui donnent l'impression de se haïr, mais qui, en réalité se nourrissent mutuellement. La pensée de l'un sert aussi à étoffer le discours de l'autre! Marine Le Pen en est la meilleure illustration.

Il faut en être conscient.


(1) Note RLF.  On peut s'opposer à la politique de colonisation et d'apartheid des dirigeants israéliens à l'encontre des palestiniens sans promouvoir une quelconque "haine d'Israël" et encore moins une "haine des juifs" ( bien que la propagande voudrait faire croire le contraire).



23/03/2012

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