Vigilance Isère Antifasciste

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Etudiants étrangers : à Grenoble, Katia menacée d'expulsion malgré son contrat d'embauche

Voir aussi :-  Etudiants étrangers : pétition et mobilisation contre la circulaire Guéant

                   - le site et les dates pour le soutien à Katia Bouchoueva : www.katiaboutchou.fr

 

 

8 mars, concert de soutien à Katia Bouchoueva :  La Bobine, 42 Bd Clémenceau, Grenoble. A partir de 19h30  >> voir ici

 

Message de Katia Bouchoueva  en date du 29 fév:

Dernières nouvelles : grâce à la mobilisation (lettres de soutien, lettres des élus, la presse, mon avocat, soutien de mon employeur, soutien de mon université, soutien des partenaires...),  je viens de recevoir mon autorisation de travail (12 mois). La carte de séjour est en attente.
On maintient le concert du 8 mars à la Bobine : pour faire la fête, pour faire des ponts, pour ne pas oublier ceux qui sont moins entourés/plus timides que moi.  Le printemps approche. La circulaire est toujours en vigueur. La vie est belle et cruelle. I love Gre.

 

 

GRE Citylocal News, 27 janvier 2012 :

Katia la Grenobloise pourra-t-elle rester en France ?

Bientôt dix ans qu’elle a quitté Moscou pour Grenoble. Malgré un parcours brillant et une promesse de CDI, Katia est victime de cette fameuse "circulaire du 31 mai” qui vise les étudiants étrangers.

Le refus de la préfecture de l’Isère d’attribuer à Katia une carte de séjour l’empêche de travailler à la Maison de la Poésie Rhône-Alpes. Photo XXVII

Le refus de la préfecture de l’Isère d’attribuer à Katia une carte de séjour l’empêche de travailler à la Maison de la Poésie Rhône-Alpes. Photo XXVII

“Quand on fait ses études, on fait sa vie, on travaille à côté, on rencontre des gens, on tombe amoureux”. Partie de Moscou il y a bientôt dix ans, Katia Bouchoueva a trouvé en Grenoble la ville où elle se sent bien. Son boulot, c’est manier les mots. Venue étudier la linguistique, elle est devenue slammeuse, poète, et travaille à la Maison de la Poésie Rhône-Alpes.

Si bien qu’on lui propose un CDI. Mais le 17 janvier, le rêve prend un coup dans l’aile. “J’ai reçu un refus de ma demande d’autorisation de travail à la Direccte (la direction du travail, qui dépend de la préfecture), qui entraîne le refus de la carte de séjour salarié, assorti d’une OQTF (Obligation de quitter le territoire français)”, résume la jeune femme. Résultat : du jour au lendemain, Katia n’a plus le droit de travailler. Projets en cours suspendus. La visite à l’école Romain-Rolland de Saint-Martin-d’Hères? Annulée, au grand dam des élèves. Et automatiquement, plus de salaire. “Il y a du non-sens dans ce qui se passe. Je suis très déçue qu’ils ne prennent pas en compte le profil du poste, et la lettre fournie par mon employeur”, se désole la jeune femme, qui veut avant tout faire reconnaître son travail, son implication dans la vie culturelle de la ville. “Non seulement, je suis Française, mais aussi Grenobloise. Ce n’est pas parce que je vais recevoir une OQTF que je vais arrêter d’écrire en français ou de lire Apollinaire”.

“Je suis heureuse”

La raison invoquée par la Direccte : il y a trop de chômeurs dans la culture. “Le premier jour, je n’ai pas pu manger, pas pu dormir”, dit-elle à une amie au téléphone. Mais Katia reste vive, souriante, prête à mener le combat. Dans son cas, ça passe par un recours gracieux auprès du ministère de l’Intérieur ou de la préfecture, et un recours contentieux au tribunal administratif. “Mais ce recours n’est pas suspensif. L’OQTF peut arriver n’importe quand”.

Après, il y a le réseau. “J’ai été mise en contact avec beaucoup de monde, au-delà du clivage droite-gauche, les gens sont sensibles”. Elle veut informer le maximum de personnes sur cette “circulaire du 31 mai” restreignant l’accès à l’emploi des diplômés étrangers. Durant notre entretien, son téléphone sonne plusieurs fois. Des amis, des proches. Même un attaché parlementaire de Michel Destot, qui lui propose son soutien. Dans le café où nous sommes, certains habitués viennent la saluer. Il n’y a pas de tristesse dans son regard. Elle le dit elle-même, souriante : “Malgré tout, je suis vraiment très heureuse”

Pour lire Katia : «C’est qui le capitaine?» sorti aux éditions l’Harmattan, en janvier 2010 http://www.myspace.com/boutchoukatia

 

 

L'Humanité, 31 janvier 2012 :

 

En Rhône-Alpes, on expulse les poètes

Katia Bouchoueva, poète en CDI, doit quitter la France. La mobilisation s’organise.

À Grenoble, vit depuis plusieurs années une jeune russe, brillante étudiante en linguistique, thésarde, Katia Bouchoueva. Poète, slameuse, elle écrit en français et en russe, et son talent est reconnu.

Elle anime une scène de slam grenobloise, la Bobine, vient de publier un livre "C’est qui le capitaine ?"  aux éditions l’Harmattan, elle réalise de nombreuses lectures et animations en France et vient d’être embauchée en CDI par la Maison de la poésie Rhône-Alpes.

Un beau tableau, n’est-ce pas ? On se réjouit d’avance de voir évoluer cette écriture pleine de force et de chaleur, on espère les enrichissements de la culture et de la langue française. Sauf que nous recevons il y a quelques jours ce courriel de Katia :

«Par décision du 13 janvier 2012, le directeur de l’unité territoriale de l’Isère a rejeté ma demande d’autorisation provisoire de travail, que j’ai sollicitée dans le cadre du changement de statut d’“étudiant” vers “salarié” pour l’emploi au sein de l’association Maison de la poésie Rhône-Alpes»

La suite annoncée, c’est la sinistre OQTF, obligation de quitter le territoire français.

Le réseau se mobilise, des lettres de soutien sont écrites, des recours sont déposés. Mais ces gens osent tout. C’est même à ça qu’on les reconnaît.

Ces gens auraient bien expulsé Modigliani, Picasso, Apollinaire, Soutine, Foujita, Beckett ou Celan.

En France, la culture avance à pas de Guéant.

 

Michel Thion



01/02/2012

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