Grenoble, procès : les agresseurs néofascistes reconnus coupables
C'était le 19 octobre 2012, au centre de Grenoble. Des militants des Jeunesses Communistes fument une cigarette devant le local du PC. Des individus d'extrême-droite s'en prennent à eux, verbalement, "sale rouge !", etc. Des coups sont portés. Un peu plus tard dans la soirée, les jeunes JC prennent la direction du "Pub d'Enfer", pour y écouter des musiciens amis. Devant le bar, les mêmes agresseurs néofascistes, renforcés par une quinzaine d'individus, utilisant matraques et ceinturons, passent à tabac Floriant et Cyril. Bilan : bras et nez cassé, papiers d'identité dérobés.
"Cette agression aurait pu très mal finir", a constaté le Procureur devant le tribunal, réuni le 6 septembre 2013. En effet, tout le monde avait à l'esprit Clément Méric, battu à mort par des fascistes ... D'ailleurs, comme dans le cas de Clément, les agresseurs ont tenté d'inverser les rôles, de passer pour les victimes, leur avocat osant parler de "chasse aux fachos".
Photo et légende : France 3 - Alpes :
Mais devant l'évidence des faits et responsabilités, le tribunal correctionnel a prononcé la condamnation des néofascistes. Le Procureur avait demandé un an de prison dont huit avec sursis. Ils sont finalement condamnés à six et huit mois avec sursis. Ils ont par ailleurs écopé d'amendes de 1500 euros et doivent s'acquitter de 800 euros pour dommages et intérêts.
Au micro de France-Bleu, Floriant et Cyril se disent soulagés par ce jugement, qui reconnait l'entière culpabilité des agresseurs d'extrême-droite :
Des fascistes au tribunal
Devant le tribunal, les deux agresseurs ont prétendu n'avoir aucune appartenance politique, cherchant à faire oublier leur proximité avec des mouvements comme les "Jeunesses Nationalistes", dont le leader est Alexandre Gabriac, ex-grenoblois, qui avait été élu au Conseil Régional sur la liste du Front National. Des liens qu'il fallait encore plus tenter de faire oublier devant les juges, après la dissolution des Jeunesses Nationalistes prononcée par le gouvernement en juillet dernier, suite aux nombreuses exactions et incitations à la haine commises par les JN.
Cette tentative de défense ne trompe personne.
Yvan Benedetti, le dirigeant de l'Oeuvre Française ( maison-mère des Jeunesses Nationalistes, au racisme, à l'antisémitisme, à l'islamophobie et l'homophobie tout aussi virulents que sa "filiale jeunes"), est venu en personne au tribunal pour soutenir les agresseurs.
Rappelons que l'Oeuvre Française a été dissoute par le même décret gouvernemental que les JN, et pour les mêmes raisons.
Yvan Benedetti avait lui aussi été élu ( conseiller municipal à Venissieux) sur une liste Front National. Exclu lui aussi du FN pour cause de fascisme trop voyant en pleine "opération Marine-Dédiabolisation", il conserve des amitiés au FN, comme nombre de personnages de ce genre.
De plus, les accusés avaient choisi comme avocat un personnage connu pour son appartenance à la mouvance fasciste : l’avocat toulousain Pierre-Marie Bonneau (voir Fafwatch Midi-Pyrénées). Ce personnage a toujours été présent auprès de Benedetti, Gabriac et leurs amis, aussi bien dans les tribunaux que dans la rue. A Paris, en septembre 2012, il a d’ailleurs été interpellé à l’occasion d’une tentative de manifestation des Jeunesses Nationalistes sur le thème "Maîtres chez nous", qui avait été interdite in-extremis après de bien regrettables atermoiements de la préfecture de police ( voir ici). Il figurait aussi dans les cortèges des JN lors des manif anti-mariage pour tous. Selon les infos de l'Union Antifasciste Toulousaine, l'avocat Bonneau dirigeait la section toulousaine de l'Oeuvre Française.
Autant dire que même après ces décrets de dissolution, même après ce jugement, et alors que l'extrême-droitisation continue dans notre pays, la vigilance et la solidarité demeurent indispensables.
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