Vigilance Isère Antifasciste

Vigilance Isère Antifasciste

Harcèlement des migrants à Grenoble

¨Par le collectif  La Patate  Chaude - des droits pour les Roms, juillet 2017

 

L’abjection

Ça se passe en France, plus précisément à Grenoble et à Saint-Martin d’Hères. La police nationale a harcelé plusieurs jours durant des familles fraîchement arrivées de Serbie et de Macédoine, dans le plus grand dénuement. Elle les a poursuivies partout, presque mètre par mètre, les empêchant de se poser quelque part. Il y avait des enfants, des femmes enceintes. Devant les protestations des militants, la réponse était invariablement : « Ce n’est pas notre problème, on a des ordres ».

A Grenoble, sur ordre de la mairie, la police les a expulsés brutalement de l’endroit où les familles s’étaient réfugiées. Ces familles, accompagnées de miltant.e.s, ont alors rencontré plusieurs responsables de l’équipe municipale – Madame Barnola et Monsieur Ben Habou du cabinet du maire, et Monsieur Angotti, directeur du CCAS – pour demander que cessent le harcèlement et les violences policières, afin que les familles puissent organiser leur survie, ce qui passe au minimum par un hébergement. Refus catégorique.

Ce n’est qu’au campus universitaire, après l’intervention du réseau RUSF, que leur course a pris fin et que des personnes bienveillantes leur ont donné des tentes et un peu de réconfort.

Quant aux collectivités locales et leurs services sociaux, elles n’ont pas bougé. Le Conseil départemental en particulier, pourtant chargé de la protection de l’enfance en danger, a une fois de plus brillé par son absence. Son «service dédié» s’est contenté de prendre un rendez-vous une semaine plus tard, car «les responsables étaient en vacances».

Plus fort encore, le CCAS de Saint-Martin d’Hères a envoyé un message aux collectifs militants pour qu’ils assurent une prise en charge.

 

L’Etat xénophobe

Depuis des décennies, de Pasqua à Sarkozy en passant par Chevènement et Valls, la législation sur les étrangers n’a cessé de se durcir, les pratiques administratives et policières sont devenues de plus en plus brutales.

C’est au tour de Gérard Collomb, notre nouveau ministre de l’intérieur, de faire la démonstration qu’il pouvait être à la hauteur de cette tradition. On l’a vu à Calais, lorsqu’il a empêché les associations humanitaires de donner à manger aux réfugiés. On l’a vu aussi à la frontière italienne où sa police défère à la justice des frontaliers qui portent secours aux migrants démunis.

La France, régulièrement rappelée à l’ordre par l’Union européenne pour le non respect des droits de l’Homme, n’est pourtant pas menacée d’une vague d’immigration – les chiffres montrent qu’elle reste très limitée – mais certainement par une vague d’hystérie xénophobe dont l’exemple vient d’en haut. Au lieu de mettre en place une politique volontariste d’accueil, comme un certain nombre de nos pays voisins, les gouvernements successifs perpétuent une politique de répression des migrants qui légitiment et renforcent les idéologies racistes. Et la façade humaniste que notre nouveau président semble vouloir se construire dans les médias ne change en rien cette réalité.

 

 

Moins que jamais, ne lâchons rien !

Pourtant, ni les poussées de mouvements nationalistes ou identitaires, ni la répression anti-migrants, ne sauraient escamoter la résistance et les actes de solidarité qui montent partout en France, pas seulement à Calais, à Vintimille , à Toulouse ou à la Chapelle. Dans notre région, des associations humanitaires se démènent avec leurs faibles moyens pour combler les carences de l’État, des réseaux d’entr’aide de développent spontanément autour de Grenoble, dans le Grésivaudan, le Vercors, le Trièves. Quant aux forces militantes, elles sont plus actives que jamais, et particulièrement chez les jeunes. Des collectifs se créent pour dénoncer le sort réservé aux migrants et se placer clairement à leurs côtés.

C’est d’abord la politique nationale qui est misE en accusation. Mais le Département est de plus en plus aux abonnés absents dans sa «compétence» sociale. Quant aux villes de l’agglomération, elles pratiquent la politique de gribouille, se défaussant les unes sur les autres dans des expulsions à répétition.

La Métro a donc un rôle central à jouer pour promouvoir et coordonner une vraie politique d’accueil et d’hébergement des plus pauvres. Pour l’instant, tout reste à faire.

C’est la raison pour laquelle un certain nombre d’associations viennent de rencontrer collectivement des responsables de la Métro pour réclamer la mise en place concrète de cette politique, au-delà des déclarations d’intention (voir ci-dessous le texte distribué aux élus). Ces associations et collectif, dont nous faisons partie, sont notamment scandalisés par le refus de la Métro de porter la compétence hébergement, compétence qui nous semble prioritaire de toute évidence vu l’urgence des besoins.

Pour nous, comme l’a du reste rappelé un arrêt du tribunal administratif de Grenoble, il est hors de question d’accepter que se poursuivent des expulsions tant que des solutions de relogement et d’accompagnement social adapté ne sont pas mises en œuvre.

 

 

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Le  collectif La Patate Chaude fait suite au premier collectif de solidarité avec les roms créé le 16 septembre 2010 à Grenoble. Il regroupe des militant-e-s de longue date représentants d’associations engagées dans les luttes sociales, en particulier celles concernant les sans papiers et les sans logis, des représentants de partis politiques, de syndicats, des élus, des professionnels de l’action sociale, ainsi que des Roms, des habitants de l’agglomération, des voisin-e-s des différents camps, ainsi que le collectif suivant depuis le printemps 2011 plus particulièrement les familles Roms qui ont été expulsées de Saint Martin d’Hères, de Saint Martin le Vinoux et de La Tronche.

 

 



16/07/2017

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