Vigilance Isère Antifasciste

Vigilance Isère Antifasciste

L'assistante d'extrême-droite du député UMP de la Drôme, Hervé Mariton (enquête Mediapart)

Après la parution de l'enquête de Mediapart, Hervé Mariton s'est séparé de son assistante parlementaire, affirmant qu'il ignorait tout de ses grandes proximités avec l'extrême-droite.  Toujours est-il que H. Mariton est allé à plusieurs reprises soutenir les groupes "catho-fachos" du Printemps français et de la Manif pour tous, lorsqu'ils manifestaient, assez violemment devant l'Assemblée Nationale au moment des discussions sur la loi Taubira...

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Mediapart, 4 juin2013

Le CV d'extrême droite de l'assistante parlementaire d'Hervé Mariton

 
L'extrême droite pratiquerait-elle l’entrisme à l’UMP ? On connaissait le CV de Guillaume de Thieulloy, l'assistant parlementaire de Jean-Claude Gaudin, vice-président de l'UMP, sénateur et maire de Marseille : fondateur du collectif Famille Mariage (CFM), né de la scission avec Action française, à la tête de plusieurs sites et magazines de la réacosphère (Nouvelles de France, Les 4 vérités, Riposte catholique), et autoproclamé « catho » « Français de souche », « de droite ».
Jeanne Pavard dans une vidéo du "Cri du contribuable", où elle a travaillé entre 2007 et 2010.
 
Voici celui, plus trouble encore, de l’assistante parlementaire d’Hervé Mariton, chef de file des anti-mariage pour tous à l'Assemblée. Selon nos informations, la collaboratrice du député UMP de la Drôme gravite dans la sphère de l’extrême droite la plus radicale. Elle a même été candidate en 2006 sur la liste du Rassemblement étudiant de droite (RED), mouvement d'extrême droite né des décombres du GUD (Groupe union défense). 
Recrutée par Hervé Mariton en février 2011 dans les rangs de l'association ultralibérale Contribuables associés, Jeanne Pavard, 29 ans, est une sympathisante de Dominique Venner. Elle a été l’une des premières à appeler au rassemblement en hommage à l’essayiste d’extrême droite, deux heures après son suicide, le 21 mai :

 Ce soir-là, devant le parvis de Notre-Dame de Paris, plusieurs dizaines de militants d’extrême droite sont présents. Parmi eux, des anciens du GUD gravitant dans l'entourage de Marine Le Pen (Frédéric Chatillon, son conseiller officieux, Axel Loustau, prestataire pour la sécurité du FN), le responsable du FNJ Julien Rochedy, le député (ex-FN) Jacques Bompard.
Sur Facebook, le bandeau du compte de Jeanne Pavard (en accès libre) annonce d'ailleurs la couleur :Bandeau d'accueil du compte Facebook de Jeanne Pavard, modifié depuis notre appel.

« Je connaissais Dominique Venner par Radio Courtoisie, où j’ai fait quelques passages,
explique-t-elle à Mediapart. Je le trouve très intéressant, je suis très sensible à ses idées sur l'identité, les racines, le “Grand Remplacement” (de la population française - ndlr). Je lis aussi Renaud Camus (qui a théorisé ce “Grand Remplacement” dans un livre - ndlr). »
L’assistante parlementaire d’Hervé Mariton n’est pas seulement « sensible » aux idées de Dominique Venner. En témoigne son activité sur son compte Facebook (où elle a opéré un grand ménage depuis notre coup de fil). Parmi ses « amis », on trouve Frédéric Pichon, ancien président du GUD et avocat du milieu d'extrême droite (dont le Printemps français), ou encore Bruno Larebière, l'ancien rédacteur en chef de Minute, avec lesquels elle dialogue.
Une tendance confirmée par les pages placées dans sa rubrique “J’aime” (voir la liste entière sauvegardée ici) : Marion Maréchal-Le Pen, Jacques Bompard, Florian Philippot (vice-président du FN), l’ex-élu FN Jean-Yves Le Gallou, le Renouveau français (groupuscule nationaliste, catholique, antisémite et pétainiste), Dieudonné, Égalité et réconciliation (le groupuscule d’Alain Soral), Infosyrie.fr (le site pro-Bachar al-Assad parrainé par l’ancien patron du GUD Frédéric Chatillon), “Love your race” (campagne de la National Alliance, mouvement néo-nazi américain qui prône la suprématie blanche), Rebeyne (les jeunes identitaires lyonnais), Philippe Vardon (co-fondateur du Bloc identitaire), la Manif pour tous (et sa frange radicale, le Printemps français), les Antigones (groupe anti-Femen), Cigales Médias (magazine gratuit édité par la société Taliesin, dont l’un des actionnaires fondateurs est l’avocat Philippe Péninque, ancien du GUD et proche de Marine Le Pen), l’écrivain Jean Raspail, ou encore La voix de la Russie (programmes radios officiels du Kremlin à l'étranger).
Entre deux hommages à Dominique Venner, Jeanne Pavard relaye des billets de Paris Fierté, association proche du Bloc identitaire qui promeut « la culture et l’identité parisienne », des propos homophobes de Christian Vanneste (qu’elle a fréquenté à Contribuables associés), ou se félicite du vote des Suisses contre les minarets :
 
« C’est une façon de suivre l'actualité. Il y a une production d’idées intéressantes, qu’on ne trouve pas à l’UMP », justifie-t-elle. Le groupuscule Renouveau français ? « C’est intéressant car ils revendiquent des valeurs catholiques, même si c’est d’une manière particulière, qu’il est difficile de soutenir. » Le site Infosyrie.com, pro-régime et lié au sulfureux Frédéric Chatillon ? « C’est une façon d’avoir des infos qu’on ne trouve pas dans d’autres journaux. On a un point de vue qui est différent de ce qu’on nous assène toute la journée dans les médias. »
 
Candidate du RED, l'héritier du GUD
Le Dissident, éphémère revue du RED.
 
Mais Jeanne Pavard fait plus que suivre l'actualité de ces groupuscules. Selon nos informations, elle a été candidate aux élections des représentants étudiants au conseil d'administration du Crous à Paris, en décembre 2006, sur la liste du Rassemblement étudiant de droite (RED), mouvement d'extrême droite né des décombres du GUD. Proche du Front national de la jeunesse (FNJ), très implanté à l'université Paris-II-Assas, le RED s'est auto-dissous en 2009 (on trouve encore un blog de ses militants ici).
Il prônait une « droite sans complexes » et entendait lutter « contre le relativisme moral auprès de la jeunesse, contre le marxisme, contre la mainmise syndicale et pour la promotion du mérite à l'université ». Habitué des opérations coups de poing, il a mené plusieurs actions violentes contre les anti-CPE en 2006 (racontées ici et ).
La collaboratrice d'Hervé Mariton dément tout lien avec le RED. « Aucun (lien), non, je ne sais même pas ce que c'est. » « Non, non, absolument pas. Je n'ai participé à rien quand j'étais en études à Paris. » Nous avons pourtant retrouvé la liste, sur laquelle elle figurait en 7e position :
 
La liste du RED aux élections des représentants du CROUS, en décembre 2006.

Jeanne Pavard est également proche de la galaxie des anciens du GUD, dont son compagnon, Lancelot Galey, était membre. Il était ainsi présent au rassemblement annuel de l'extrême droite radicale, à Paris, le 9 mai 2010 :
 
Cortège du GUD le 9 mai 2010.© Le site antifasciste REFLEXes
 
Prestataire de Cigales Médias (lié à la galaxie GUD), il apparaît également sur les images des incidents aux Invalides, le 16 avril, aux côtés d’anciens gudards comme Axel Loustau (lire notre article) :
Lancelot Galey (A), dans les incidents aux Invalides, le 16 avril 2013.© Capture des images de Canal + par le site REFLEXes.
 
« Oui, il a des amis au GUD, mais lui-même n’a pas été au GUD, ou alors il ne me l'a pas dit », assure Jeanne Pavard, avant d’expliquer plus tard qu'« il a dû y passer ». Elle-même, « il (lui) est arrivé de croiser Frédéric Chatillon (ancien patron du GUD, proche de Marine Le Pen - ndlr) », reconnaît-elle. Mais la collaboratrice dément tout « engagement militant »: « Je n’ai jamais été encartée dans aucun parti, je ne suis pas militante. »
Hervé Mariton.© Reuters
Ce parcours a de quoi embarrasser le porte-drapeau des anti-mariage pour tous à l'Assemblée, puisque l'assistant parlementaire est l'un des plus proches collaborateurs du député, un poste de confiance. Contacté, Hervé Mariton explique qu’il n’était « absolument pas au courant du profil politique » et des « activités » de Jeanne Pavard lorsqu’il l’a recrutée.
« Je ne fais pas d’enquête sur mes collaborateurs, sans doute ai-je péché par naïveté. Elle était à Contribuables associés, une association qui a des positions parfois raides sur les enjeux dont elle parle mais qui ne pose pas de difficultés. J’ai reçu son CV, elle était plutôt dégourdie, on m’a dit qu’elle travaillait convenablement. »
Le député de la Drôme reconnaît qu’il l’a « vue sur les images de l’hommage à Dominique Venner. Je lui avais fait une observation. Ensuite quelqu’un m’a dit que son Facebook posait problème, mais n’étant pas ami avec elle sur Facebook, je n’y avais pas accès ». « J’étais loin d’imaginer tout cela... Je suis assez effondré de tout cela », répète-t-il, visiblement très surpris. « Si j’avais su le reste de son background, je ne l’aurais pas recrutée. Elle m’avait annoncé son souhait de partir (avant ces alertes - ndlr), je n’en suis pas fâché... C’est strictement impossible pour moi de travailler avec quelqu’un qui a ces idées-là, que je condamne. »
Au lendemain du suicide de Dominique Venner, Hervé Mariton avait surpris par ses déclarations sur l’essayiste, sur RMC : « Je dis qu'un homme est mort et que je le respecte. Je ne partage pas la totalité » de son message final, « il y a quelques points sur lesquels je peux m'accorder et d'autres sur lesquels je suis en désaccord ». « Quand il dit qu’il n’est pas favorable à la loi Taubira, je peux être d’accord avec cela. Il professait des opinions extrêmes sur d’autres sujets, là je ne suis pas d’accord », précise aujourd’hui le député.
Le profil de sa collaboratrice pourrait expliquer les incidents intervenus à l’Assemblée, lors du vote solennel de la loi Taubira, le 23 avril. Des anti-mariage pour tous avaient déployé, depuis la tribune visiteurs, une banderole affichant le mot “référendum” en grosses lettres rouges et noires, en criant. Dans la bousculade, un agent de l’Assemblée avait été blessé. Selon Le Monde, les perturbateurs avaient été conviés par Hervé Mariton et Jacques Bompard.
« J’avais dit à ma collaboratrice que je n’avais pas apprécié cet incident, explique aujourd'hui Hervé Mariton. Elle m’avait dit qu’elle avait attribué des billets à des gens de la Manif pour tous, c’était crédible. » Une version maintenue encore aujourd’hui par Jeanne Pavard : « On donne des billets à des gens de la Manif pour tous qu’on ne connaît pas forcément, il y a peut-être des trafics de billets. »
Depuis, l'assistante parlementaire a en tout cas pris soin d'effacer toutes les traces de son rattachement à l'extrême droite (lire notre boîte noire).
Suite à la publication de notre enquête, Hervé Mariton a indiqué mercredi matin au Dauphiné Libéré et sur l'antenne de France Bleu qu'il « découvr(ait) aujourd'hui, en particulier par les investigations de Mediapart, des engagements politiques qui sont totalement incompatibles avec une fonction auprès de moi, et cette personne cesse ces fonctions »; « je suis consterné par les résultats de l'enquête de Mediapart ».
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·         Article mis à jour mercredi 5 juin à 12h30 avec les déclarations d'Hervé Mariton dans le Dauphiné Libéré et sur France Bleu.
·         Jeanne Pavard a été jointe à deux reprises. Suite à notre premier échange téléphonique, elle a réalisé un grand ménage sur son compte Facebook : tous les éléments la rattachant à l'extrême droite ont été supprimés ; le nom sous lequel elle apparaissait (« Jeanne Pvd ») a été modifié par « Jeanne Darke ». Le site du RED, visible quelques jours plus tôt, n'était plus en ligne ce mardi.


06/06/2013

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