Vigilance Isère Antifasciste

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Le FN toujours contre les femmes, toujours contre l'IVG et leur droit de disposer d'elles-mêmes

Voir aussi, Place au Peuple, par Pascale Le Néounannic : Planning familial : Marine Le Pen fait avorter la condition des femmes

 

Le Nouvel Obs PLUS  Par Yves Delahaie Prof & militant  le 08-03-2012:

Clash Clark/Aliot : un reflet de l'histoire tumultueuse entre le FN et l'IVG

 
Le FN n'est pas à une contradiction près. Alors que Marine Le Pen fait campagne depuis des mois sur le thème de la laïcité, le parti reste profondément influencé par les idées de son aile catholique traditionaliste, comme le montre sa position sur la question de l'IVG.

 

La scène a secoué mercredi tous les auditeurs de France Inter et elle s’est propagée sur la toile à la vitesse de l’éclair. Louis Aliot, vice-président du FN, invité chez Pascale Clark, était interrogé sur l’IVG et sur l’expression "IVG de confort". L'entretien s'est déroulé dans une tension palpable jusqu’à ce que la journaliste, écœurée par ce qu’elle entendait, laissa échapper un "c’est dégueulasse".

 

On le voit, Louis Aliot, avec de grands airs, sûr de lui, affirme que l’expression "IVG de confort" n’est pas la sienne, qu’il ne l’utilise pas. On voit aussi comment, au début de son intervention sur la question, il a pris soin de multiplier les périphrases pour ne pas employé l'expression "IVG de confort". Jusqu’à ce que son génie linguistique ne le lâche en plein milieu d’une phrase qu’il n’osa pas terminer. Un silence qui en dit long. Et un déni ensuite sur l’usage de l’expression. S’il mentait, on jurerait qu’il se montre alors arrogant.

 

Pas de chance. Louis Aliot était aussi invité de l'émission de France 2 Mots croisés, le lundi 30 janvier dernier. Gaëlle-Marie Zimmerman avait relaté ce moment qui lui leva elle aussi le cœur, et on la comprend :

 

 

La véhémence n’est jamais un gage de vérité, qu’on se le dise. Au FN, la question de l’avortement est pour le moins sensible. Dès la mise en place de la loi Veil en 1975, Jean-Marie Le Pen s’était opposé à la légalisation de l’IVG avec force. Neuf ans plus tard, il s’en était expliqué sur le plateau de L’heure de vérité, le 13 février 1984, en déclarant :

 

"La législation de l’avortement a été dans notre pays une régression de plusieurs siècles, peut-être même de plusieurs millénaires car les Romains, avant même le christianisme, avaient noté l’"infans conceptus" : c'est-à-dire que l’enfant conçu est réputé né chaque fois qu’il s’agissait de son intérêt."

 

Certains ont tendance à l’oublier en ces temps où Marine Le Pen prétend faire de la laïcité son cheval de bataille, mais le FN a pendant très longtemps été le repaire des catholiques intégristes de France. Et lors de cette fameuse émission de 1984, Alain Duhamel, qui officiait déjà, lui avait d’ailleurs demandé ce qu’il pensait du sobriquet qu’une de ses cadres avait accolé à Simone Veil, et qui, vous le verrez, ravira les amateurs de mots fins pétris de subtilité. Simone Veil était caractérisée du nom de "la tricoteuse de Giscard". Une expression que Jean-Marie le Pen n’utiliserait pas à l’entendre mais qui semble bien l’amuser au point, déjà, d’évoquer un "point de détail". Au FN, on aime le poids des mots mais on en occulte le sens.

 

Une proximité avec les associations "pro vie"

 

Toujours est-il que le fondateur du FN placera dans ses programmes présidentiels le projet funeste d’empêcher les femmes françaises d’avoir le choix, assouvissant ainsi le désir des ligues anti-avortement, qui par pudeur s’autoproclament pro vie. Projet écrit en toutes lettres dans le programme de 2002 : "Les lois sur l’IVG seront abrogées".

 

Pourtant, les années 2000 vont marquer un tournant. Le schisme mégrétiste et le départ de nombreux cadres laisseront des traces. Il faut dire qu'en 2006, Jean-Marie Le Pen avait en mis un peu d'eau dans son vin de messe :

 

"Je suis pour la défense de la vie, mais je pense qu’il y a des questions qui sont prioritaires et celle-là, en l’état actuel de l’opinion publique, ne me paraît pas prioritaire."

 

En 2007, dans son programme présidentiel, le FN évoquait l’IVG, non pour abolir la loi Veil, mais pour soumettre la question au référendum :

 

"En matière législative, il faut tenir compte de l’état d’esprit de l’opinion. Si je suis élu, je proposerai un référendum sur l’avortement (…) J’ai perdu l’illusion que l’on pouvait régler tous les problèmes par des lois."

 

Une inflexion quoi qu’on puisse en penser sur la question, puisqu’aujourd’hui Marine Le Pen ne souhaite pas remettre en question le droit à l’avortement ni même soumettre la question au référendum, réservant ce dernier pour la peine de mort. Question de priorité...

 

L'influence de l'aile traditionaliste

 

Mais on l’a vu la polémique sur l'"IVG de confort" montre que la question est loin d’être éclaircie, et s’il y a bien un homme qui représente parfaitement cette contradiction, c’est bien Louis Aliot, catholique pratiquant et boîte à idée du FN version Marine. Il est celui par qui la question de la laïcité a surgi.

 

C’est pourtant lui aussi qui a rédigé un communiqué, au lendemain du Congrès de Tours et du sacre de Marine Le Pen en 2011, pour inviter les militants du FN à se joindre à la "Marche pour la vie". La Marche pour la vie ? Inspirée par Madame Boutin, cette "marche" est loin d’être anodine puisqu’elle réunit autour de la cause pro vie, franchement traditionaliste, quantité d’évangélistes, de pentecôtistes… Inviter ses militants dans une marche où l‘on sanctifie le caractère sacré de la vie, où l’on compare l’IVG à un génocide "au nom de la vie qu’a donnée Dieu", n’est assurément pas une démarche aussi neutre que ne le voudrait la laïcité voulue par le nouveau FN…

 

Marine Le Pen affirmait ne pas soutenir officiellement la Marche tout en laissant la porte ouverte : "nous ne soutenons pas officiellement cette marche mais il y aura un certain nombre de cadres et d’élus du FN qui s’y rendront". Une déclaration qui laisse à penser qu’elle ne s’oppose pas à ce que des militants du FN et des cadres, y compris avec leur étiquette politique (elle parle d’élus et de cadres, pas de citoyens) puissent défiler dans un cortège qui parle de génocide en évoquant l’avortement.

 

On le voit, l’IVG et le FN, c’est un peu le caillou dans la chaussure de Marine Le Pen : elle ne marche assurément pas très droit mais elle semble bien s’en accommoder…



09/03/2012

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