Vigilance Isère Antifasciste

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Les étrangers pris pour cible: fortes convergences entre Sarkozy et Le Pen

A paraître prochainement : Tract-Argumentaire Ras L' Front : 

DESINTOX  /  La "priorité nationale" de Le Pen et Cie : imposture et racisme habituels de l'extrême-droite.

 

Sur le Nouvel Obs, interview et réponses du GISTI ( Groupe d'information et de soutien des immigrés) à Sarkozy- Le Pen

 

Voir aussi  ci-dessous, Les Echos

 

L'EXPRESS, Par Matthieu Deprieck, publié le 07/03/2012

Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen, si loin, si proches

 

Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen, si loin, si proches

Lors de son passage dans l'émission Des paroles et des actes, Nicolas Sarkozy a à plusieurs reprises évoqué des thématiques traditionnelles du Front national de Marine Le Pen.

reuters

 

En parlant immigration, droit des étrangers et abattage rituel lors de son passage dans l'émission Des paroles et des actes, Nicolas Sarkozy a évoqué des thèmes chers à la présidente du Front national. 

"Si Marine Le Pen dit qu'elle préfère le soleil à la pluie, je conviens que je partage son opinion." Le raisonnement par l'absurde de Nicolas Sarkozy est certes habile, il n'a pour autant pas suffi à masquer les nombreuses oeillades lancées à l'extrême droite depuis le plateau de France 2, mardi soir. 

Pendant près de 45 minutes, le candidat a évoqué le Front national. Il a parlé immigration et droit des étrangers, reprenant à son compte des expressions, des idées et des propositions frontistes.  

Il a ainsi revendiqué sa volonté commune avec Marine Le Pen de préciser la méthode d'abattage du bétail sur les emballages de la viande. Et s'est contenté de contester la forme, critiquant les mots employés et la polémique déclenchée.  

"Nous avons trop d'étrangers sur notre territoire"

De la même façon, et à deux reprises, il a lié immigration et dette publique, association faite par Marine Le Pen le 12 janvier dernier. Quand la présidente du FN mise sur un arrêt de l'immigration pour revenir à l'équilibre budgétaire, Nicolas Sarkozy se glisse lui dans la peau des Français qu'il croise et tient ce discours: "Vous nous demandez de faire des efforts sur l'équilibre de nos comptes sociaux, mais si on ne maîtrise pas l'immigration, est-ce-qu'on ne va pas à la faillite?" 

Pour le président-candidat, les étrangers ne sont pas uniquement responsables de l'explosion de la dette sociale, ils portent aussi la hausse du chômage. "Nous avons trop d'étrangers sur notre territoire, nous n'arrivons plus à leur trouver un logement, un emploi, une école", a ainsi expliqué Nicolas Sarkozy. Or, le Front national a, de tous temps, lié les problèmes de mal-logement (un exemple ici) ou de chômage à l'arrivée d'étrangers sur le sol français.  

Mais, l'exemple le plus frappant de cette ponctuelle convergence entre les deux mouvements de la droite est ailleurs: dans l'annonce d'un durcissement des règles d'obtention du RSA et du minimum vieillesse. "Nous allons mettre pour les deux des conditions de présence sur le territoire et de travail. Dix ans de résidence et cinq ans d'activité", a promis le candidat UMP. Marine Le Pen milite, elle, pour une période de dix ans de cotisation et de résidence. En revanche, Nicolas Sarkozy ne souhaite pas revenir sur la couverture médicale universelle (CMU) à la différence du FN.  

Débat "cadenassé"

Ce mercredi matin, Louis Aliot, numéro deux du Front national, n'a pas manqué de relever ce rapprochement opéré par Nicolas Sarkozy: "Quand vous mettez des conditions pour des prestations sociales, des conditions de durée, c'est donc que la préférence nationale est légale... Il vient piocher dans notre programme." 

Au-delà des idées, c'est dans le discours même que l'on a senti des convergences. Parfois même dans des détails, qui peuvent paraître anecdotiques. "Avec le cadenassage du débat, on ne peut plus rien dire", s'est ainsi plaint le chef de l'Etat. Un argument, qui fait écho aux complaintes d'extrême droite, soufflées en choeur par des blogueurs ou Gilbert Collard, avocat "mariniste".  

Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen ont aussi tous les deux regretté la condamnation d'un maire, qui avait giflé un adolescent de sa commune. Nicolas Sarkozy dans des termes peu équivoques : "Si la justice condamne quelqu'un, parce que maire, il réprimande un adolescent qui se comporte mal, je ne sais pas comment on va élever nos enfants." 

Pas de cordon sanitaire

A plusieurs reprises, le président-candidat s'est offusqué qu'on puisse lui reprocher un virage à l'extrême droite. Il a ainsi pris ses distances sur l'immigration zéro ou le déremboursement de l'IVG. Dans les faits, pourtant, Nicolas Sarkozy, contrairement à Jacques Chirac, ne dresse aucun cordon sanitaire entre la droite républicaine et le FN.  

Cela ne date pas d'hier. En 2007, Nicolas Sarkozy avait reçu Jean-Marie Le Pen à l'Elysée. Dans son livre La métamorphose de Sarkozy, le journaliste Bruno Dive raconte la scène: l'entretien a eu lieu "juste avant le conseil des ministres, comme par hasard. Aussi, lorsque le chef de l'Etat raccompagne Le Pen vers la sortie, celui-ci croise-t-il des ministres qui attendent dans le vestibule (...) Sarkozy prend par le bras le chef du FN, comme s'il voulait faire les présentations: 'vous connaissez tout le monde, je suppose?'" Une provocation, qui, masque mal la décomplexion de Sarkozy au sujet du FN.  

 

Les Echos,7 mars 2012. Extrait :

 

« Il est peu réalisable de passer de 180.000 à 100.000 car toutes les possibilités d'entrée ont été restreintes depuis 2007, que ce soit pour le regroupement familial, les mariages ou l'immigration professionnelle et 70 % des demandes d'asile sont aujourd'hui déboutées. Le résultat de cette politique va être davantage de sans-papiers car les familles viendront et l'économie a toujours besoin de main-d'oeuvre », observe Catherine de Wenden, directrice de recherche au Ceri-Sciences po.

« Ce sont des annonces pour siphonner l'électorat de Marine Le Pen et masquer ses échecs en la matière », fait valoir Patrick Weil, directeur de recherche au CNRS (proche du PS) et spécialiste des questions d'immigration, qui précise : « En 2007, Nicolas Sarkozy voulait instaurer des quotas et une immigration choisie en remplaçant l'immigration familiale par l'immigration professionnelle mais il n'a pas réussi car il s'est heurté à la Constitution et aux conventions internationales. »

Les juristes mettent en effet en avant le droit communautaire avec une directive de 2003 sur le regroupement familial ainsi que la Convention européenne des droits de l'homme (CEDH), qui garantit le droit de vivre en famille.



08/03/2012

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