Vigilance Isère Antifasciste

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"Mains brunes sur la ville" : projection-débat, le 7 juin à Mon Ciné-St Martin d'Hères

 7 juin, St Martin d'Hères : Projection-débat : " Mains brunes sur la ville "

A Orange et Bollène, enquête sur le "fascisme municipal". Un documentaire de Jean-Baptiste Malet et Bernard Richard (sorti en  mars 2012).
Projection suivi d'un débat avec la participation de Jean-Baptiste Malet.
Soirée organisée par les comités Ras l'Front Isère et  Mon Ciné,  en collaboration avec la librairie Antigone.
 Jeudi 7 juin à  20 h 30 à Mon Ciné - Saint Martin d'Hères.
 

 

Par Ligue des Droits de l'Homme :

La LDH soutient le documentaire « Mains brunes sur la ville » de Bernard Richard et Jean-Baptiste Malet

Excellent documentaire, à recommander à toutes les sections qui veulent s’informer et organiser des débats sur le Front national : très documenté, clair, construit, donnant la parole aux responsables du FN (quand ils ne chassent pas les journalistes, ce qui contraint ceux-ci soit à cesser de filmer, soit à tourner en caméra cachée), à l’UMP comme à l’opposition socialiste et communiste et aux habitants.

Nous sommes dans le Vaucluse, avec un FN présent aux cantonales et tenant deux municipalités : Orange depuis 1995 (Jacques Bompard) et Bollène (sa femme Marie-Claude) depuis 2008. Que l’étiquette change, Ligue du sud ou Front national, c’est du pareil au même : Jacques Bompard est un ancien de l’OAS, d’Occident, lié au Bloc identitaire. L’heure est à l’affichage de la modération et à la revendication du bon sens, mais le fond n’a pas changé.

 

Le film évoque successivement la place de l’héritage colonial, dans une région où les nostalgiques de l’Algérie française sont nombreux, jusque dans les casernes du 1er REC de la Légion ; l’économie, avec le déclin de l’agriculture et de l’agro-alimentaire, l’absence de moteur industriel, sauf le nucléaire à Bollène, ville ouvrière longtemps communiste, passée au FN à cause des divisions de la gauche ; les politiques municipales, de censure des bibliothèques et achats de livres négationnistes, d’effondrement des budgets associatifs sociaux et culturels, d’abandon à l’Etat des services publics, de harcèlement des employés municipaux et d’intimidation des opposants. Vient ensuite l’urbanisme : les Bompard laissent pourrir les cités périphériques, ferment les équipements collectifs, stades et aires de jeux compris, bref créent de l’insécurité pour pouvoir accuser les jeunes des cités de tous les maux, tandis que les centres-villes sont coquets, truffés de caméras de surveillance et que tout terrain libre est loti par des promoteurs, aux dépens du logement social.

On ajoute à cela une communication très coûteuse et efficace, axée sur la peur de l’insécurité, des jeunes et des étrangers ; et enfin un matraquage idéologique, avec fêtes médiévales et cochon rôti, affiches de têtes blondes, restauration active des églises et projet de mosquée sans cesse ajourné – et renvoyé au diable, en zone inondable. Madame Bompard, qui revendique la laïcité quand il s’agit de l’Islam, fréquente les catholiques intégristes et a consacré sa ville au Sacré-Cœur de Jésus.

Or Jacques Bompard a été réélu deux fois, avec plus de 60% des voix. Où sont les responsabilités ? Thierry Mariani, élu local, ministre des Transports et fondateur de la Droite populaire, ne se cache guère d’avoir fait alliance avec le FN, en espérant rester hégémonique. Les élus de gauche se disent aussi responsables, avec leurs conflits et leurs divisions. Et voilà le travail : une gestion injuste, aberrante, un climat qui sue la haine et la peur, un dévoiement de la démocratie par ceux-là même qui s’en servent pour prendre le pouvoir.

 

Voir aussi LIBERATION, 21 octobre 2011 : Les notes de frais fantaisistes de Bompard à la mairie d’Orange

 

Présentation par Cinéma Utopia-Avignon :

MAINS BRUNES SUR LA VILLE

Il a le visage plutôt bonhomme, le sourire hâbleur, la poignée de mains facile qu’il distribue allègrement sur les marchés provençaux. Il aime les enfants souriants qu’il réjouit avec ses fêtes médiévales où les Croisés sont remis à l’honneur, les grands-mères qui le lui rendent bien. Jacques Bompard est un maire heureux, généreusement et régulièrement réélu depuis 1995. Un notable comme bien d’autres en France, apprécié de ses électeurs, qui sait rendre sa ville agréable… du moins pour ses partisans.


Sauf que Jacques Bompard, soutien de l’OAS dans sa jeunesse, ancien membre du groupuscule Occident et d'Ordre Nouveau, est un pur produit de l’extrême-droite la plus radicale et la plus xénophobe. Quand il est élu en 1995 à Orange, une des quatre communes remportées par le Front National (avec Vitrolles, Toulon et Marignane, la région PACA a le « privilège » de les rassembler toutes), c’est un séisme politique. Mais c’est aussi, pour le Front National, l’occasion de faire d’Orange un laboratoire pour expérimenter son programme et son idéologie à l’échelle d’une collectivité locale. Depuis, seule Orange est restée dans l’escarcelle de l’extrême-droite, même si Bompard, frère d’idéologie de Jean Marie Le Pen, mais frère ennemi par ailleurs, a quitté le Front National pour créer la Ligue du Sud, alter ego de la Ligue du Nord, l’organisation populiste et réactionnaire lombarde. Marie-Claude, épouse de Jacques, a pour sa part conquis un peu plus tard la ville voisine de Bollène, aux traditions pourtant ouvrières et communistes.

Observer ce qui se passe à Orange et Bollène, c’est non seulement comprendre les ressorts démagogiques d’un succès électoral incontestable mais aussi avoir une vision, via le prisme local, de ce que pourraient être les politiques appliquées au quotidien si l’extrême droite venait à prendre le pouvoir au niveau national. Aussi la démarche du réalisateur Bernard Richard et du jeune journaliste Jean-Baptiste Malet, collaborateur de la revue catholique Golias, du journal Regards ou du satirique marseillais Le Ravi, spécialiste de l’extrême-droite (il a écrit « Derrière les lignes du Front, immersions et reportages en terre d’extrême-droite »), est extrêmement éclairante. Les deux comparses sont allés autant à la rencontre des électeurs des époux Bompard que des victimes collatérales et oubliées de leur système, sans omettre de rencontrer les intéressés : une confrontation généralement brutale, Bompard se conduisant comme un shérif enjoignant l’étranger qui ne lui plaît pas de quitter sa ville avant que l’affaire ne tourne au vinaigre.

Ce qui est fascinant, c’est à la fois le décorum que Bompard a créé pour donner l’illusion à ses concitoyens de la ville idéale et les conséquences terribles de ses choix politiques sur les populations qui ne l’intéressent pas.

 laprovence31209-drapeauxbisCôté décorum, il y a l’importance accordée à la ville propre voire impeccable, fleurie à outrance, à la sécurisation totale grâce à une police municipale dotée de tous les pouvoirs, qui contrôle et pénalise ouvertement au faciès. Il y a aussi une communication que n’aurait pas reniée le régime nazi, inspirée par les petits fachos du Bloc Identitaire, à base d’enfants provençaux idéaux dans une France éternelle débarrassée de son immigration, avec ses fêtes médiévales où l’on exalte folklore local et héritage catholique.

Avec, argument choc qu’apprécie le retraité à l’esprit épargnant, une rigueur budgétaire à toute épreuve, qui a même permis à Bompard d’accumuler dans les caisses de la mairie un vrai trésor de guerre. Mais la rigueur a un prix, celui du total abandon des quartiers populaires : fermeture de la quasi-totalité des structures sociales ou socio-culturelles, soudainement privées de subsides municipaux, coupes nettes dans la vie des associations culturelles ou d’animation qui ne répondent pas aux critères idéologiques de Bompard (autant dire que tous ceux qui ne versent pas dans le chant grégorien ou provençal peuvent changer de ville). Les jeunes, livrés à eux-mêmes, ne peuvent même pas espérer aller taper le ballon sur les terrains de foot, ceux-ci étant désormais réservés aux adhérents des clubs sportifs choisis par Bompard. Quant à l’opposition, elle est régulièrement insultée en conseil municipal et vit dans la terreur ou la soumission. Le constat est terrifiant et devrait faire réfléchir à deux fois ceux qui se laisseraient tenter par la fille de son père…

 

 

 



18/05/2012

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