Vigilance Isère Antifasciste

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Solidarité avec un artiste graffeur de Romans-sur-Isère, poursuivi pour avoir recouvert une croix gammée

Voir, la suite, publiée le 1er novembre 2015 : Romans-sur-Isère : indignation après la condamnation du graffeur qui avait recouvert une croix gammée

 

Solidarité à 100%. 

Article légèrement retouché, dans sa mise en page,  du Dauphiné Libéré,  24 octobre 2015.

NB : il s'agit d'Antoine SAHY,  ( et non pas Saly comme il  était  écrit par erreur dans cet article du   DL)

 

 Un jeune Romanais sera jugé pour avoir recouvert une croix gammée par un tag en août .« J’ai fait un geste citoyen »

 

Le 10 août dernier, Antoine Sahy, 28 ans, apprend qu’une croix gammée a été peinte au-dessus de la Cité de la musique. Le graffeur décide de la recouvrir… Avant que la police l’interpelle. Il doit passer devant la Maison de la justice et du droit le 30 octobre.

 

Bonnet sur le crâne, démarche calme et voix posée. À première vue, Antoine Sahy n’a rien du fauteur de troubles. Pourtant, il comparaîtra devant la déléguée du procureur vendredi prochain. Travaillant dans une petite entreprise à Peyrins, le jeune homme de 28 ans se sent bien dans sa peau et dans sa ville. Après une scolarité un peu « chaotique », il passe sept ans à Tahiti, son pays d’origine, où il va créer une exploitation agricole. À son retour à Romans, Antoine s’adonne à sa passion : le graff, ou l’art de dessiner à la bombe de peinture. « Depuis tout petit, j’aime ça. C’est parti d’un film, avec un pote » se souvient l’intéressé. Aujourd’hui, avec quelques amis, il perfectionne son art sur ce qu’il appelle des « murs d’illégaux » où les tags fleurissent.

 

Romans A Saly graf tortue.jpg

J’ai recouvert « le symbole le plus malsain qui existe »

Ce lundi 10 août, Antoine rentre tranquillement du travail et reçoit un SMS. Un ami lui envoie la photo d’une croix gammée taguée au-dessus de la cité de la Musique. « Ma première réaction c’est de me dire “mince, ça fait plusieurs jours que c’est ici et personne ne réagit ?”». Sur un « coup de nerf » il prend sa voiture et file sur le mur en question. Sur le tag “I have a dream”,  suivi de la croix gammée, il commence à peindre une tortue. « J’aime bien les tortues, c’est ma spécialité » sourit-il. Mais alors qu’il s’apprête à achever son œuvre, deux policiers lui tombent dessus.
« J’ai eu droit à une petite fouille, et ils m’ont pris toutes mes bombes de peinture avant de m’emmener au poste ». Un procès-verbal et une bonne leçon de morale plus tard, le jeune homme ressort du commissariat. « Je pensais que tout allait s’arrêter là ». Mais pour avoir recouvert « le symbole le plus malsain qui existe », le graffeur reçoit une lettre de convocation pour une composition pénale.
Une décision qui le laisse sans voix. « J’ai l’impression d’avoir fait un geste citoyen. Je trouve ça anormal de me condamner moi au lieu de chercher les vrais coupables ». Sans avocat, il craint d’être condamné « pour l’exemple » et risque, selon les textes de loi  jusqu’à 3 750 euros d’amende et une peine de travail d’intérêt général. « Je vais me retrouver sans un sou pendant quelque temps » avoue le jeune homme avant de lancer : « Si c’était à refaire, je le referais ».
 
Regrets de la Mairie et soutien de la  LICRA
Si le jeune graffeur de 28 ans doit répondre de ses actes, c’est notamment parce que comme dans chaque affaire de graffitis,  la Ville a porté plainte. La Mairie fait savoir que  « la Ville regrette que le tagueur initial n’ait pas pu être identifié , ..., et compte demander, lors de la composition pénale, un simple « rappel à la loi " à l’encontre d’Antoine.

En attendant, la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme) s’est saisie de l’affaire au niveau national, et tient à mettre en garde la justice : « Si la Licra demande que soit appliquée la loi, il faut qu’elle le soit avec mesure et en tenant compte du contexte de l’infraction. Ainsi, les raisons de l’action d’Antoine S. doivent être bien comprises : il s’agissait de cacher une croix gammée, emblème du nazisme ».
L’organisation du président Alain Jakubowicz souligne par ailleurs que « nous ne savons pas si les auteurs de cette croix gammée ont été recherchés… ». À ce sujet, elle ne manque pas de rappeler la loi : « L’article 24 de la loi du 29 juillet 1881 prévoit que seront punis de 5 ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende, ceux qui auront fait l’apologie de crimes contre l’humanité ou crimes de guerre ». La Licra estime enfin que «  la croix gammée aurait dû être effacée plus tôt afin d’éviter qu’un citoyen ne le fasse lui-même ».
Indignés eux aussi, Pierre Pieniek, Claire Estève et Romain Teufert, représentants de la Licra 26, apportent leur soutien au graffeur dans cette affaire.
 




26/10/2015

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