Vigilance Isère Antifasciste

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Stop à la chasse aux roms dans l'agglo de Grenoble !

voir aussi : La voix des Rroms met en garde les médias

                  Collectif La Patate Chaude - des droits pour les roms

                  France Bleu Isère, le 18 octobre 2012

 
Vous en avez entendu parler sur les médias nationaux  que partout en France les expulsions de des Roms ont lieu. Récemment dans les colonnes du Dauphiné libéré vous avez pu lire des articles au sujet du camp de Roms sur le territoire de la commune de St Martin le Vinoux.
De partout on entend le même écho : l'insalubrité, les rats, les vols, pour justifier ces expulsions., en vous envoyant cette lettre réalisée  avec les habitants du camp dit de la Casamaure nous entendons faire savoir que ce sont avant tout des humains avec des enfants scolarisés dans le plus grand dénuement.

 Nous refusons le discours qui prévaut. Nous voulons faire savoir qu'un traitement différent de celui qui  est en cours doit voir le jour. Nous refusons ce glissement vers le rejet des  pauvres d'où qu'ils viennent, à la veille de l'hiver de surcroit  . Ce sont deux collectifs qui soutiennent les habitants de ce camp.

 

La Patate Chaude et RESF (réseau du canton de St Egrève)

 

 

Lettre ouverte aux habitants de Saint-Martin-le-Vinoux et à Monsieur le maire ainsi qu’aux élus de la commune

Ce texte a été écrit par les habitants du campement de la Casamaures ainsi que des personnes du Réseau Éducation Sans Frontières (RESF) et du collectif « la Patate chaude », qui l'ont mis en forme.


Chers Saint-Martiniers, chères Saint-Martinières,
Le maire de votre commune a écrit, dans la dernière édition du « Bref », journal d'information de la ville, un édito fourre-tout qui mêle problèmes sociaux et catastrophe naturelle comme s'ils étaient comparables. Dans ce texte, il parle notamment du camp de Roms de la Casamaures : il évoque
 'occupation « illégale » d'un terrain privé, à laquelle le propriétaire ne s'oppose toutefois pas (donc pas illégale), et que lui voudrait faire expulser. Il parle d'« activités mafieuses, allant du racket en passant par la prostitution ».

Ce que nous savons avec certitude, c'est qu'une cinquantaine de personnes vivent sur ce campement sans eau ni électricité, sans sanitaires et sans moyen d'évacuer les ordures qui s'accumulent immanquablement sur le terrain, vivotant tant bien que mal d’expédients. Et si cettesituation a parfois pour corollaire des nuisances pour le voisinage, ce sont bien les personnes du campement qui en sont les premières victimes.
Celles qui ont essayé, avec notre aide et celle des associations Un Toit Pour Tous et Roms Action, d'obtenir un hébergement, ont essuyé des refus.
Malgré cela, ces personnes s'efforcent de vivre, et notamment de scolariser leurs enfants - dont certains sont les camarades de classe des vôtres - espérant ainsi en un futur meilleur que leur présent. Cet espoir, une expulsion du campement qui les enverrait loin de leur école y mettrait fin.

 

 

Ce que les habitants du campement aimeraient vous dire...


« Nous voulons vivre ici à Saint-Martin-le-Vinoux...
Cela fait plusieurs années que nous sommes arrivés en France, espérant trouver dans ce pays une place pour vivre loin de la ségrégation et de la misère que subissent les Roms depuis des décennies. Nous venons pour beaucoup d’entre nous de Roumanie ou des pays qui sont entrés récemment dans l’Union européenne. A ce titre-là, nous devrions avoir les mêmes droits que tous les autres migrants d’Europe : la libre circulation et installation des personnes.


Or il n’en n’est rien ! On nous chasse de partout, nous obligeant à chaque expulsion à reconstruire un habitat de fortune avec nos familles, dans des conditions indignes de cette Europe.


Beaucoup d’entre vous ignorent qui nous sommes. Seule l’image de Roms nomades nous colle à la peau avec son cortège de clichés réducteurs (prostitution, vols, mendicité). Mais qui sait que les ressortissants roumains et bulgares sont soumis à un statut spécial pour l'emploi qui est appliqué essentiellement pour les pauvres, dont les Roms ? Celui-ci restreint notre accès au travail. Seuls quelques métiers nous sont autorisés, et encore, à la condition que l’employeur s’acquitte d’une somme à payer aux pouvoirs publics. Cette restriction court jusqu’en 2014. Et seul le préfet délivre lesautorisations d’embauche.

 

Nous savons que la France s’est construite ainsi par des venues successives de migrants, qui ont apporté leurs différences et aussi leurs richesses culturelles. C'est pourquoi nous, habitants du campement, soutenus par le collectif « la Patate Chaude » et le Réseau Éducation Sans Frontières (RESF), nous voulons vous faire part de notre désir de vivre ici sur cette commune où nos enfants sont scolarisés (ce qui a d'ailleurs permis de garder une classe sur la commune).


Nous sommes ouverts au dialogue pour vous expliquer qui nous sommes et aussi pour vous dire que dans les conditions de dénuement et d’insalubrité où nous sommes, il est parfois difficile de vivre selon les critères qui ont cours dans une communauté ayant l’eau, des sanitaires, un ramassage d’ordures… et des ressources - celles du travail, ou les allocations pour celles et ceux qui sont frappées par le chômage. Toutes ces choses qu’on appelle la misère quand on ne les a pas.
Si à certains moments vous avez pu être dérangés par des nuisances de tout ordre, nous avons le désir d’en faire disparaître les causes et de vivre en bons termes avec vous.
Ce campement peut vivre sans gêner le voisinage, en l’aménageant (eau potable, évacuation des eaux usées, ramassage des ordures). Nous sommes prêts à participer financièrement, au regard de nos faibles revenus. Mais ce que nous voulons c’est un logement durable sans éclatement de nos familles. »

 

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Il faut que les pouvoirs publics proposent des solutions dignes et adaptées aux personnes qui vivent sur ce campement. Le RESF et le collectif « la Patate Chaude » soutiennent les démarchesdes habitants, ne voulant pas voir la haine et le rejet de l'étranger revenir au grand galop, jetant les peuples les uns contre les autres, dans un pays qui se dit « patrie des droits de l'Homme » et se targue du droit à l'éducation. Nous gardons en mémoire ce que l'on a fait subir aux Juifs et aux Roms entre 1940 et 1945. Ce qui se passe actuellement avec les expulsions des camps de Roms doit interpeller chacun et chacune d'entre nous.

Nous ne devons pas oublier que quelle que soit notre origine et notre culture, nous pouvons vivre ensemble.
Nous espérons que les habitants et habitantes de Saint-Martin-le-Vinoux soutiendront cette démarche, afin qu'une solution humaine soit trouvée aux problèmes des personnes qui vivent bienmalgré elles dans la misère sur ce campement.

 



16/10/2012

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