Vigilance Isère Antifasciste

Vigilance Isère Antifasciste

Une exposition sur les contrôles au faciès vandalisée à Grenoble ( par Louise Fessard-Mediapart)

A Grenoble (*) , on a comme l'impression que, notamment ces jours-ci, les droites diverses, et  sous  diverses étiquettes plus ou moins dures,  sont excitées et se repartissent bien le boulot entre elles.

 

Ainsi, les gens du  syndicat policier Alliance (**)  se permettent de faire une manif, vendredi 20 octobre et d'aller saccager une expo en plein évoquant  les discriminations racistes.  Tout cela  "en complément" , "en concrétisation", des  LR grenoblois, voir leur site ( plus ou moins déguisé en site apolitique)  et leur article initial :  Place de Verdun : Le SCANDALE de l’EXPOSITION ANTI POLICE d’E.PIOLLE

Cette expo a ensuite été de nouveau vandalisée plus anonymement. C'était, selon nos infos actuelles (à vérifier)  dans la soirée du lundi 23 octobre.

 

Hasard ? Ce soir-là, la vedette facho nationale et régionale, Alexandre GABRIAC et toute sa bande étaient de sortie : ils étaient de nouveau présents à Fontaine, au Conseil Municipal, pour soutenir l'élu FN Franck SINISI qui avait proposé dans une séance du CM qu'on "récupère les dents en or des Roms"... 

SINISI est passé Tribunal le lendemain, ce mardi 25 octobre, sur plainte de diverses personnes et d'associations s'étant portées partie civile. Nous publierons bientôt un article.

Mais pour le moment voici, parmi d'autres articles de la presse locale : sur le site Place Gre'Net ( un vrai site d'infos locales, lui) Damien Viguier, avocat de Franck Sinisi : “Il n’est que le bouc émissaire de votre démocratie pourrie !”

 

On remarquera que (pour le moment ???)  la mairie, dirigée par l'écolo Eric Piolle, juge inutile de réagir face à ces actes de vandalisme, pourtant l'exposition a été  installée  en concertation avec elle.

 

(*) Agitations, tentatives d'intimidation et passages à l'acte, agressions pas seulement à Grenoble, mais aussi dans la région.

Ainsi à Chambéry. Il y a eu agression contre un bar où se tenait un débat. Samedi 28 octobre, en réponse à ces tentatives d'intimidations,  aura lieu une "manifestation antifasciste et de riposte populaire", avec la Féderation Anarchiste (qui avait été initialement visée par les fachos) mais aussi avec la participation de nombreux syndicats et associations.  Toutes les infos sont sur le site Infos Libertaires :  Manifestation contre le Fascisme à Chambéry ! 28 octobre 2017

 

MISE A JOUR 1

(**)  ALLIANCE, ce syndicat policier à l'orientation  très droitière,  se montre très vigilant contre ........les réalisations d'artistes. En Charentes, il fait savoir dans la presse qu'il a demandé au Directeur Département de la Police une surveillance rapprochée de "BRAME", spectacle présenté par AlixM, une compagnie de théâtre de rue, début septembre 2017.  Voir :Sud Ouest / Cognac : les images du spectacle controversé de Coup de chauffe

Mise au point de la Fédération nationale des arts de la rue : Rendre à la rue sa liberté,  suivie du vécu de Alix Montheil, directeur de la compagnie visée.

MISE A JOUR 2

En bas de page, sous l'article de Mediapart, communiqué du "collectif Citoyens et Policiers", qui a pris part à l'ouverture de l'exposition, exprime son  désaccord total avec ces actes de vandalisme. 

Voir aussi ce site internet : http://citoyens-policiers.org/

 

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Une exposition sur les contrôles au faciès vandalisée [par le syndicat policier Alliance] à Grenoble  - Mediapart/Louise Fessard 
25 octobre 2017 Par Louise Fessard
À Grenoble, une exposition sur les contrôles au faciès organisée par des habitants a été partiellement recouverte d’affiches par le syndicat policier Alliance, avant d’être vandalisée dans la nuit du 21 au 22 octobre.
Plusieurs affiches ont été déchirées, des pénis géants dessinés sur les restantes. Des panneaux métalliques ont été mis au sol, d’autres déplacés pour former un semblant d’abribus. Dimanche matin 22 octobre 2017, les membres de conseils citoyens indépendants de Grenoble ont découvert le saccage de leur exposition « L’Égalité trahie : l’impact des contrôles au faciès », installée place de Verdun, à Grenoble.
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 L'exposition vandalisée, 22 octobre 2017 © DR
Cette exposition, créée par Open Society Justice Initiative, la fondation du milliardaire George Soros, tourne en France depuis 2013. Elle est passée par la place de la République à Paris, par Toulouse et Strasbourg sans aucun problème. Ed Kashi a photographié des victimes de contrôles d’identité à répétition en raison de leur couleur de peau. Élus, artistes, étudiants, producteurs français, responsables associatifs, ainsi que deux policiers français, y pointent l’impact de ce profilage ethnique, prouvé depuis 2009 par de nombreuses études : la peur, l’humiliation, la fabrication de citoyens de seconde zone, l’inefficacité des contrôles et la perte de confiance envers la police. À Paris par exemple, sur cinq sites testés, un Noir risque 6,2 fois plus de se faire contrôler qu’un Blanc, et un Arabe 7,7 fois. « Une police qui a la population contre elle ne peut pas fonctionner, y indique l’un des deux syndicalistes policiers cités. Ce n’est pas possible. Les contrôles à répétition sont contre-productifs. »
 
À Grenoble, cinq des sept conseils citoyens indépendants (CCI) de la ville, composés d’habitants tirés au sort sur les listes électorales et parmi des volontaires, sont à l’origine de la tenue de l’exposition. « J’ai beaucoup d’amis de tous les milieux qui ont vécu des contrôles au faciès parce qu’ils sont noirs ou arabes, explique Cristèle Bernard, 36 ans, membre d’un des CCI. Plusieurs CCI travaillent sur l’environnement ; nous, nous avons choisi quelque chose qui ait du sens, les discriminations. » L’exposition, installée le 7 octobre 2017 place de Verdun, face à la préfecture de l’Isère, a été autorisée par deux arrêtés de la mairie jusqu’au 5 novembre 2017. « Mais nous n’avons rien à voir avec la mairie », précise Cristèle Bernard. Contactée, la ville de Grenoble n’a d’ailleurs pas souhaité commenter un projet qui n’était pas le sien.
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 L'exposition vandalisée, 22 octobre 2017 © DR
Le 17 octobre, "Grenoble le changement", site plus ou moins déguisé en site ordinaire d'infos locales,   un site en réalité de droite de  proches de l’ex-maire RPR Alain Carignon  publie un billet incendiaire, intitulé « Le scandale de l’exposition anti-police d’Éric Piolles ».
Carignon, condamné en 1996 pour corruption et qui depuis tente en vain de se relancer en politique aux côtés de LR, y demande le retrait de ce « véritable réquisitoire contre la police », qu’il attribue – à tort, donc – au maire écologiste Éric Piolles en affirmant que « les conseils citoyens sont l’appendice de la municipalité ».
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 L'exposition recouverte par les policiers d'Alliance, le 20 octobre 2017 © France 3
Dans la foulée, le 20 octobre, une vingtaine de policiers se rassemblent à l’appel du syndicat Alliance, majoritaire chez les gardiens de la paix et gradés, pour dénoncer une exposition qui véhiculerait une « haine anti-flic » (voir ce reportage de France 3). Au mépris de la liberté d’expression, les policiers recouvrent les panneaux d’affiches sur lesquelles on peut lire « Stop à la haine anti-flic » et rappelant le nombre de leurs collègues blessés chaque année.
Deux jours plus tard l’exposition, déjà bien abîmée, est retrouvée vandalisée. Les conseils citoyens indépendants de Grenoble envisagent de déposer plainte avec la Ligue des droits de l’homme (LDH) et le Syndicat des avocats de France (SAF). « C’est scandaleux, estime Pierre Gaillard, de la LDH de l’Isère. La liberté d’expression existe. On ne peut pas saccager, sur la place de la préfecture qui plus est, une exposition sous prétexte qu’on n’est pas d’accord. Et ça n’a pas été fait par des petits voyous. C’est un acte voulu, qui se veut agressif envers les militants des droits de l’homme. »
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 L'exposition vandalisée, 22 octobre 2017 © DR
Contacté, le syndicat Alliance a fini par nous répondre par courriel qu’il n’était – sans rire – pas « au courant de dégradations subies par cette exposition sur le contrôle au faciès »… « Notre action se veut sans dégradations et son but est d'alerter la population et les pouvoirs publics sur ce type d’exposition stigmatisant notre profession et sur l’espace publique [sic] », écrit Philippe Lepagnol, secrétaire départemental adjoint de l’Isère. Il reconnaît tout de même que les policiers avaient « décidé de simplement masqué [re-sic] les panneaux d’affichage avec [leurs] affiches » et affirme que « de nombreux passants [leur] ont d’ailleurs apporté leur soutien concernant [leur] démarche et signifié leur incompréhension sur les motivations de ce type d’exposition en forme de propagande politique sur l’espace publique [re-re-sic]. »
L’incompréhension des habitants est d’autant plus grande qu’ils avaient tout fait pour associer les policiers locaux à l’exposition. « Nous avons travaillé avec la métropole [Grenoble-Alpes Métropole], qui a un service de lutte contre les discriminations et qui nous a donné des contacts », explique Cristèle Bernard. Le 29 juin 2017, Cristèle Bernard et une autre habitante avaient rencontré une brigadière de police de Grenoble et un policier retraité, délégué à la cohésion police-population, pour préparer une table ronde sur les relations entre la police et la population, justement. « La policière nous avait soutenu que les contrôles au faciès n’existaient pas, mais elle était vraiment super, ouverte à la discussion, elle aimait son métier », se souvient Cristèle Bernard. Les conseils citoyens sollicitent sa supérieure, Nadine Le Calonnec, directrice départementale de la sécurité publique de l’Isère, pour obtenir sa présence lors de cette table ronde. Pas de réponse. La brigadière finit par refuser, arguant d’« impératifs de service ». À défaut de policier local autorisé à dialoguer avec les habitants, c’est Jean-Pierre Havrin, ancien directeur départementale de la sécurité publique de Haute-Garonne et à l’origine de la police de proximité, qui a donc participé au débat le 7 octobre.
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 L'exposition vandalisée, 22 octobre 2017 © DR
« Nous ne sommes pas antiflics, s’exclame Cristèle Bernard. Au contraire, nous sommes vraiment pour le dialogue avec la police et nous continuerons à travailler avec la police. Nous avons même un policier au sein d’un CCI, mais il n’a pas le droit de s’exprimer. » Son conseil citoyen doit d’ailleurs rencontrer « les Femmes de flic en colère » dans la semaine.
À l’origine de l’exposition, Cristèle Bernard évoque l’écho du discours de Grenoble de l’ex-président Nicolas Sarkozy en 2010, « avec une mise en état de guerre de tout un quartier par les politiques à Villeneuve : hélicoptère qui volait dans le quartier et éclairait l’intérieur des habitations, fermeture du quartier aux bus et trams, militarisation des forces de l’ordre… » Mais malgré la présence de policiers surarmés, qu’elle qualifie de « force quasi militaire », « nous avons encore des jeunes qui s’entre-tuent, avec la mort de Kevin et Sofian par exemple [deux jeunes sans histoire de 21 ans, tués, en septembre 2012, dans un parc d’Échirolles – ndlr], des jeunes qui font le guet dans les quartiers pour le trafic, qui ne vont pas à l’école, des règlements de comptes très violents qui nuisent à tous », constate cette chargée de développement de projets. « Nous ne voulons plus de ces situations à Grenoble et nous voulons nous réapproprier nos liens avec nos policiers, car, de toute évidence, les politiques ont une vision particulière de la proximité », conclut-elle.
Emmanuel Macron a récemment confirmé la prochaine mise en place d’une « police de sécurité du quotidien » (PSQ), qui visera « à replacer le service du citoyen au cœur du métier de gendarme et de policier » et à « retisser avec les associations, les élus locaux des formes d’actions rénovées ». Cet épisode montre combien l’institution police demeure verrouillée. Les deux syndicalistes policiers qui avaient accepté en 2013 de figurer dans l’exposition « Égalité trahie » avaient ensuite dû demander à ce que leurs photos et noms soient retirés des panneaux, à la suite d’une campagne de dénigrement du syndicat Alliance. « Ceux qui, dans la police, acceptent de discuter des contrôles d’identité et des relations police-population sont dénoncés car “on donne raison à ceux qui disent que la police est raciste”, explique un de ces anciens syndicalistes, qui travaille aujourd’hui dans un service. Alors que quand on explique la démarche à nos collègues, qu’on leur explique qu’on peut discuter sans être d’accord sur tout, ils comprennent très bien. »  « Cela reflète bien le problème de la police, où il est impossible d’avoir des espaces de dialogue, estime Lanna Hollo, d’Open Society Justice Initiative. Même le fait de faire parler des victimes de contrôles au faciès, on n’y a pas droit. On nie complètement leur traumatisme. Un peu comme pour les femmes victimes de violences sexuelles, dont la parole n’avait pas de place jusqu’alors. »
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26/10/2017

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