Vigilance Isère Antifasciste

Vigilance Isère Antifasciste

Comment l'extrême-droite utilise l'internet pour s'implanter dans les esprits et le pays

Voir aussi :

- Les Inrocks 17 octobre 2012 :  Des personnalités d’extrême droite font de l’entrisme sur des sites d’infos

- Acrimed, 18 octobre 2012 : L’extrême-droite à l’assaut des médias et de la critique des médias

 

Comment l'extrême-droite utilise l'internet pour s'implanter dans les esprits et le pays

 

L'important développement actuel (depuis une décennie, environ) du racisme, des idées fascistes en tous genres , en Europe et ailleurs,  ne peut pas se comprendre sans l'usage  que fait l'extrême-droite de l'Internet,  en plus évidement d'autres facteurs.


La communication ci-dessous , insérée dans le rapport CNCDH-2010 (Commission nationale consultative des droits de l'homme),  émane du SIG, Service d'Information du Gouvernement, rattaché auprès du 1er Ministre.

Nous n'en avons pas republié la seconde partie, qui concerne les mesures à prendre  par les "autorités" (voir à partir de la page 141 du rapport intégral, CNCDH-2010 ).

 

- Le MRAP , en 2009, avait de son côté produit un épais rapport de recensement et d'analyse  des sites  encourageant la propagation du racisme et du néofascisme : Internet, les enjeux de la lutte contre le racisme. Rapport MRAP, 2009

 

- Le site OWNI a publié, en mai 2011, un dossier sur l'utilisation du Net par l'extrême droite française, et notamment par le FN = Internet , l'immigration réussie de l'extrême-droite

 

- Jean-Yves Le Gallou est un penseur, un conseiller  de l'extrême-droite. Il a, entre autres, diffusé "12 thèses pour un gramscisme technologique" : une sorte de très bref manuel pratique, adapté au XXIème siècle, pour tout dirigeant d'extrême-droite, militant ou simple sympathisant, afin de conquérir "l'hégémonie culturelle", en utilisant le potentiel de "réinformation" (d'intox, en fait),  "la viralité", etc ..., de l' Internet.  Ces conseils pratiques ont inspiré très directement des groupes néofascistes comme le Bloc Identitaire, et sont mis en oeuvre  par toutes les extrêmes-droites.

 

- Le Midi-Libre  du 8 Octobre 2012 (en bas de cette page) rapporte  les "confessions" d'un ancien militant du Bloc Identitaire. On y voit la confirmation très concrète de la synthèse du SIG. 

L'extrême-droite n'a pas seulement mis en place une profusion de sites et forums spécifiques,  assez aisément identifiables comme tels. Elle a développé toute une stratégie de pénétration et de manipulation de sites "grands publics", ceux de la presse, ceux des chaines de télé, des forums dédiés à la santé, à l'écologie, etc..

Les néofascistes se sont entraînés à déployer sur ces sites "grands publics" un langage feutré pour développer peurs et  haines racistes en s'emparant et en déformant le plus anodin des faits divers. Le but : renforcer l'idée que le pays est menacé par l'immigration,  l'islam,  menacé de "colonisation" par tout ce qui est "étranger",  et renforcer l'idée que devant tous ces "périls" et cette "décadence", la seule solution est l'imposition d'un régime autoritaire, très très autoritaire... .

 

Cette pénétration des extrême-droites n'est pas que virtuelle :

 

- "privé de pain au chocolat au motif de ramadan", "racisme antiblanc", "il y a trop d'étrangers en France",  "On est plus en France ici", "ici c'est chez nous ! "Maîtres chez nous !" ...  : on voit comment  les intox,  le venin , les slogans racistes et néofascistes, qu'ils distillent depuis des années  sur l'internet,  se répandent , sont  repris jusque dans le bouches de Sarkozy, Guéant ou Copé, etc.

Un leader d"un des nombreux groupes d'extrême-droite satellites du Front National, Fabrice Robert du Bloc Identitaire, dit  hélas vrai quand il tweete : "Copé dénonce l'existence d'un #RacismeAntiBlanc. La stratégie d'influence des #Identitaires porte ses fruits."


-  Le FN prépare déjà les élections municipales de 2014. Il n'est pas du tout impossible qu'en plus d'un accroissement du nombre de ses élus locaux, l'extrême-droite mette la main sur quelques mairies. ( Municipales de 2014, lepénisation des esprits et de l'UMP : risques d'enracinement de l'extrême droite )

-  En paralléle, d'autres groupes incitent  à " l'action directe" raciste et fasciste: ainsi, à Beauvais, le 6 octobre, les néofascistes des "Jeunesses nationalistes"  déploient devant une mosquée en construction une banderole avec l'inscription  : "Foutons les dehors !" . Un nième  encouragement à la haine et à la violence qui doit être puni ! (  Après l'interdiction et l'échec de la manif fasciste et raciste à Paris : vigilances communes à renforcer ! )

 

Il y a encore beaucoup à faire pour barrer la route à la lepénisation...

 

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Le racisme sur Internet : usages et thématiques
Service d’information du gouvernement (SIG)


• Internet est un moyen relativement aisé de diffuser des contenus et des propos à caractère raciste.
• Si les sites d’extrême droite sont les lieux privilégiés de diffusion du racisme, sa banalisation récente est effective sur les sites grands publics.
• L’accès à ce type de contenus est facilité par l’anonymat individuel et par l’accessibilité des sites dont la modération n’est pas toujours effective.

 • La multiplicité des formats diffusables sur le net (écrit, audio, vidéo) renforce la viralité et la pénétration des propos racistes auprès d’un public élargi.


Il ne s’agit pas là de faire un recensement des sites « racistes » ou d’établir une taxinomie des sites concernés. Il importe ici d’aborder les traits majeurs du racisme sur internet, en particulier : ses formats, les moments de la prise de parole raciste, les thématiques privilégiées du racisme sur internet et l’importance de l’image.


Le format polymorphe du racisme sur internet
Le racisme sur internet se caractérise par l’éclectisme de ses voies de diffusion : du blog politique hyper spécialisé au site d’un quotidien généraliste, ce type de prise de parole n’a pas de territoire spécifique mais est plutôt familier de tous les usages d’internet.
De fait, le propos raciste est polymorphe et sa forme variable d’un support à l’autre.
Comme le note Isabelle Falque-Pierrotin dans son rapport au Premier ministre de 2009 "Lutter contre le racisme sur internet" :
« Il convient de préciser qu’il n’existe donc pas une uniformité dans le discours raciste qui s’exprime sur internet. Il convient d’opérer une distinction très nette entre la mise en ligne de contenus politisés, construits, correspondant à une véritable propagande élaborée par des groupuscules plus ou moins hiérarchisés, d’une part, et les expressions d’un racisme plus « ordinaire », oeuvre d’internautes se sentant légitimés dans leur discours par le relatif anonymat d’internet, d’autre part. »

 

À ce titre, le propos raciste peut être une construction travaillée ou une prise de parole incidente procédant d’une réaction sur le vif. Dans tous les cas, l’anonymat favorise la diffusion du propos sur le net et la modération relative de certains sites en facilite la publication.
Dès lors, le contenu peut facilement se décliner sous des formats très interactifs (vidéos) courts et percutants (clips, tags). Sa mise en scène est d’autant plus importante que le contenu raciste cherche à toucher le plus grand nombre : on ne sera dons pas surpris d’y trouver des formats audio ou vidéos.


Sur internet, le racisme se décline sous différents formats dont la multiplicité garantit la présence sur tous types de site, du généraliste au plus spécialisé


Les moments de la prise de parole raciste sur internet
Actualité ou fait divers, le moment de la prise de parole raciste n’est pas d’emblée polémique. Il peut être relatif à un banal fait divers (agressions, vol, cambriolage) ou être lié à une actualité plus internationale. Tous les sujets sont potentiellement concernés.
L’interactivité d’internet favorise cette multiplication de la prise de parole raciste sur la toile. Certains sujets d’actualité en sont le moment privilégié : c’est le cas du conflit israélo-palestinien ou de discussions sur des forums généralistes sur l’islam.

Le racisme se banalise sur internet via des propos apparemment neutres et anodins que l’on retrouve bien souvent sur des forums très populaires. Les sites identifiés comme « racistes » (sites d’extrême droite par exemple) ne sont plus les seuls véhicules privilégiés de cette idéologie.

À ce titre on notera la banalisation du propos raciste sur les forums généralistes qui répond à un triptyque classique évocation/description/explication : évocation anodine d’un fait divers d’un fait de société (le chômage), description sur le mode de la bonne foi (le chômage est un fléau), explication du fait décrit (le chômage est un fléau causé par les immigrés.) Volontairement simplifié, ce propos se lit comme une recherche systématique des causes et des responsables. Il est une caractéristique forte de la prise de position raciste : tout fait a une cause exogène dont l’élément étranger est l’incarnation systématique.
Le moment raciste sur internet n’est plus l’apanage de sites militants ou politiques.
Il tend à se banaliser et concerne bien souvent, à partir de l’évocation d’un fait social la dynamique cause (la présence de l’étranger) /conséquence (désordre, affaiblissement national.)


Les thèmes privilégiés du racisme sur internet :
Bien entendu, les thèmes privilégiés du racisme sur internet concernent l’étranger et sa présence sur le sol national. On peut les regrouper sous quatre grandes familles thématiques :


La logique de l’affrontement
Le propos raciste procède bien souvent d’une vision du social fondée sur l’affrontement.
Affrontement entre groupes ethniques (blancs/noirs), entre religions (islam/judaïsme),  entre groupes politiques, voire entre supporters d’équipes sportives.

Internet est biensouvent le lieu d’une mise en scène de l’affrontement ou de sa description :
« Le noir est l’ennemi du blanc et menace sa suprématie (…) Partout tu es invité à participer
à cette guerre des races et à la victoire inéluctable de l’une sur l’autre (…) inscris-
toi à nos stages de combat pour être parmi les vainqueurs » (Recensé le 17 janvier
2011 sur un site ouvertement néo-nazi)


L’« ennemi intérieur »
L’étranger est désigné comme responsable d’une situation problématique ou difficile.
C’est particulièrement le cas du chômage qui cristallise cette pensée de l’« ennemi intérieur ». La recherche de responsabilité invite chacun à stigmatiser autrui vécu comme une menace potentielle pour la cohésion nationale.
« Si je dis qu’il y a 4 millions de chômeurs et que ces 4 millions pourraient occuper les
emplois d’étrangers, on me traitera de raciste (…) mais c’est à la France que ça coûte
cher, c’est à la Sécurité sociale que ça coûte cher et c’est à la bonne marche du pays
que ça nuit. » (Recensé le 14 janvier 2011 sur un forum généraliste)
À noter que de nombreux sites néo-nazis proposent des stages de type « commandos » ou « boot camps » avec pour objectif de se préparer à l’affrontement contre l’« ennemi intérieur » ou d’en organiser la tenue.


Le complot
Des groupuscules étrangers occuperaient le territoire national avec des menées comploteuses visant à mettre en difficulté ou à nuire sciemment aux intérêts nationaux.
Alors que l’« ennemi intérieur » est compris comme ayant une capacité de nuisance passive, le comploteur recherche activement la chute ou la mise en péril du territoire national. C’est le moment alors d’opposer l’histoire et la nation à un étranger jugé apatride et internationaliste, d’où la sous thématique de la frontière souvent citée, sur un mode agressif.


Le mythe de l’âge d’or
Il existe une nostalgie propre à la dynamique raciste qui se traduit par un regard souvent tourné vers le passé. Celui-ci est vécu comme glorieux car libre de toute intrusion extérieure. L’espace national est donc vécu ici également comme une réalité biologique :
le corps national est « contaminé » par l’étranger qu’il convient de neutraliser afin de retrouver une pureté perdue et fantasmée. L’histoire et la biologie sont ici unies afin de converger vers une réaction nécessaire du peuple français amolli par le métissage.
Ce dernier vient corrompre la Nation son sol et son sang.

 

La logique de l’affrontement, l’« ennemi intérieur », le complot et le mythe de l’âge d’or sont des thématiques privilégiées de la prise de parole raciste sur internet.
Leur point commun est de diffuser une idéologie continuelle de l’affrontement dont internet est conçu comme relais.


L’image, véhicule privilégié du racisme sur internet
Sur internet, le racisme est également véhiculé par des images qui agissent comme des emblèmes. Ceux-ci viennent interpeller l’internaute par leur puissance évocatrice et viennent signifier/évoquer un référent précis sans médiation écrite.

Véhicule privilégié de l’image, internet a conféré au racisme une visibilité inattendue en faisant des images un de ses véhicules privilégié. À titre d’exemple, les images peuvent se décliner sous les formes suivantes :
• les pictogrammes : à la fin d’un tag par exemple ou en affichage sur la première page d’un site (fleur de lys, crois gammée…).
• Les vidéos online : affrontements entre groupes skinheads, passage à tabac d’un individu, défilés et mises en scènes.
• Les images et les dessins non animés : photographies de scènes de combats, de scènes de guerre.
• Les objets mis en vente : de nombreux sites proposent des insignes guerriers, voire nazis (notamment sur les sites américains).
• Les jeux vidéos ouvertement racistes, répandus aux USA, sous la forme d’OPS (One Person Shooter : le joueur est en possession d’une arme avec laquelle il est invité à abattre un nombre important de cibles dont l’apparence peut rappeler sciemment des personnes de couleur).

Les images sont d’autant plus usitées qu’elles permettent de toucher un public jeune et non averti. Elles sont d’autant plus problématiques qu’internet rend leur diffusion aisée.

L’image abondamment diffusée sur internet est un véhicule privilégié du racisme : par sa puissance d’évocation elle facilite l’accès des plus jeunes aux stéréotypes racistes.

 

Conclusion
La diffusion d’une idéologie raciste sur internet est prégnante. internet par sa vitesse, sa mise à disposition facilitée de contenus et son interactivité tend à décloisonner la parole raciste des sphères politiques spécialisées. Un phénomène est à noter dans le diffusion de ces contenus : le caractère international d’internet et l’accès plus qu’aisé à des sites néo-nazis, en particulier américains. Les plus jeunes internautes sont particulièrement ciblés par ces sites, qui adoptent parfois un format interactif de type jeu vidéo.

 

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Un militant repenti balance les secrets de l'ultra-droite

L'ultra-droite utilise énormément internet pour faire passer ses idées. Et ne recule devant rien.
L'ultra-droite utilise énormément internet pour faire passer ses idées. Et ne recule devant rien. (AFP)

Damien (1) a été, pendant quatre ans, membre d'une petite organisation politique d'extrême-droite proche du Bloc Identitaire. Originaire d'un petit village dans l'Aude, il a côtoyé pendant une dizaine d'années un groupe de militants de la région dont le but était de « réveiller les consciences nationales » comme il le dit, en agissant principalement sur internet. Rangé des voitures, il a souhaité témoigner de cette période de sa vie et de ses dérives.

Comment êtes-vous entré en politique ?

Au départ c'était par le rock. On était plusieurs jeunes du village à écouter Vae Victis, Insurrection, tout ça. Les paroles nous touchaient et en cherchant on a rencontré des militants d'Unité Radicale (UR) qui étaient à Bédarieux. Ca a tout de suite collé. Dire enfin tout haut que les étrangers venaient coloniser le pays, que les vrais Français des villages comme nous étaient des citoyens de seconde zone, tout ce qu'ils disaient semblait évident à l'époque.

Vous dites « semblez ». Vous n'êtes plus aussi certain d'avoir raison ?

Ma vie a changé. Je suis en train de terminer un master II à Montpellier et j'ai mis de l'eau dans mon vin. La façon de penser des identitaires m'a empêché d'avancer, si j'avais continué comme ça je serais resté dans mon bled à détester la terre entière.

Combien étiez-vous ?

Il y a eu pas mal de changement à UR, et le petit groupe auquel j'ai appartenu après sa dissolution revendiquait une cinquantaine de membres dans toute la France. Et sept dans l'Aude, plusieurs d'Olonzac, de Narbonne et un de Coursan. Nous nous réunissions une fois par semaine chez l'un ou chez l'autre, mais l'essentiel des messages passait par internet.

Quels étaient vos buts ?

On partait du principe que notre rôle était de « réveiller les consciences nationales », de dire la vérité aux Français, qui étaient anesthésiés par les politiques et les médias. Nous considérions que les médias mentaient tous, que nous vivions dans un Etat « ripoublicain », corrompu par des élites mondialistes, que la race blanche était en danger, tout ça. Et comme on était peu nombreux, on a surtout utilisé internet. C'était pratique pour faire passer nos messages, et ça ne coûtait pas d'argent.

Je sais qu'au Bloc (Bloc identitaire, NDLR) et au FN ils ont des méthodes analogues, l'essentiel de celles que nous utilisions venaient d'ailleurs de leur fascicules de formation des militants.

Comment procédiez-vous ?

Tout était assez codifié. Il fallait en priorité « squatter » les sites d'information générale à la recherche de toutes les informations « raciales » possibles. Monter en épingle les fais divers lorsqu'ils concernaient des étrangers, quitte à les faire « mousser » sur Facebook ou sur les forums. Les réseaux sociaux et les commentaires dans les articles de presse étaient l'idéal pour ça.

Nous avions clairement identifié l'idée qu'il fallait que nous ayons des pseudonymes « réguliers » de manière à recruter à nos idées, de manière à ce que les gens, à force de lire notre nom se disent : « Il a raison ce gars-là » et se rapprochent de nous. Il fallait aussi créer des profils « ponctuels » juste pour donner l'effet de masse, donner l'impression que c'était la « base » des gens qui pensait comme nous. Ca, c'était facile, parce que globalement les gens partagent nos idées sur les délinquants.

Mais il fallait agir subtilement. Ne jamais parler des Arabes et des Blancs en tant que tel, mais reprendre des thèmes « humanistes » en parlant par exemple des « nantis antiracistes et mondialistes qui cherchent à écraser les pauvres qui supportent le racisme antiblanc ».

Quel était votre rôle précisément ?

Mon travail consistait aussi à faire des revues de presse sur plusieurs blogs, et en ne prenant que les histoires qui mettent en scène des étrangers pour ensuite de démontrer que tout les problèmes venaient d'eux. Mais évidemment, on ne se limitait pas aux faits divers. Il était super-important aussi de prendre les articles parlant des initiatives sur la « diversité ». Ce mot est parfait pour détecter les articles de presse où il va être question d'argent public donné aux associations étrangères.

En publiant souvent des articles sur ces sujets on pouvait ensuite facilement s'y référer pour donner l'impression que les pouvoirs publics se soucient plus du bien-être des immigrés que des « Blancs» (le mot que nous employions à l'époque pour parler de nous).

Pourtant ce genre de discours tombe facilement sous le coup de la loi contre l'incitation à la haine raciale...

Bien sûr. C'est la raison pour laquelle nous avons développé notre terminologie, en disant les choses d'une certaine manière: « être positif ». Ne pas dire « c'est la guerre civile, les Arabes ne veulent pas être intégré ». Une telle phrase fait fuir les gens qui ne sont pas engagés à nos côté, mais dire « la plus grande fermeté est nécessaire pour retrouver la paix civile ». Ca veut dire la même chose, parce que ça donne à penser qu'on est en guerre, mais ça donne l'impression qu'on est plein de sagesse.

Les gens « mordent » beaucoup plus facilement à tout ça, et finalement, ce sont eux-mêmes qui dans les commentaires vont dire ce que nous, on ne peut pas écrire.

Après tout s'enchaîne. Comme les gens répétent le même discours que nous, mais sans précautions oratoires, leurs commentaires sont censurés par les journaux « sérieux » (la loi interdit ce genre de discours et les journaux se protègent en ne les publiant pas). Il est alors extrêmement facile de les épauler en critiquant la scandaleuse censure dont font l'objet ceux qui pensent comme nous, et à parler d'une collusion entre les médias et les « antifrançais ».

Vous avez d'autres exemples ?

Je pourrais en donner pendant des heures, mais par exemple il suffit de prendre un pseudo à consonance musulmane et lancer des insultes aux Français, en prônant une République islamiste à Paris ou ce genre de choses. C'est très gros mais ça marche à chaque fois.

Vous n'aviez pas l'impression, avec ces méthodes, d'être vous même à l'origine d'une manipulation politique ?

Bien sûr que non. Puisqu'on était sûrs d'avoir raison, que les mondialistes voulaient notre peau, tout les moyens étaient bons. De toute façon, sans creuser vraiment l'actualité, c'est toujours ce qui émergeait, alors c'était facile de le mettre en avant. Défendre la « race » nous paraissait être une mission sacrée.

Bien sûr maintenant, je me rends compte que les « flots d'argent » déversés sur les associations d'immigrés sont surtout là pour gagner la paix sociale, qu'il s'agit d'initiatives bidon pour éviter une explosion des banlieues, et que souvent même l'argent annoncé n'arrive pas jusque là. Sans compter qu'il s'agit en réalité de petites sommes.

J'ai compris aussi qu'on parlait surtout de délinquance quotidienne, des petits trucs comme des vols de sac à main ou des voitures incendiées, mais qu'on ne parlait pas de certaines « grosses affaires », parce qu'elle ne concernait pas des étrangers. Et que les gros délinquants, les banquiers et les hommes d'affaires véreux, on n'en parlait jamais, sauf lorsque « par bonheur » ils étaient juifs, franc-maçon ou ce genre de chose et que donc on pouvait en tirer le fil du complot des « riches antiracistes ».

Avec le recul, je sais maintenant que le problème de la délinquance est lié à la pauvreté de certaines populations, et pas à leur origine ethnique, mais pour un rural comme je l'étais à l'époque les choses étaient différentes. Je réagissais avec mes tripes pas avec ma tête.

Avez-vous participé à la compagne pour la présidentielle du FN en 2012 ?

Non, j'avais déjà arrêté de militer depuis un bon moment. Mais j'ai collé les affiches de Le Pen en 2007.

Comment regardez-vous le discours politique de l'extrême-droite actuelle ?

J'ai énormément étudié tout ça depuis quelques années et je vois maintenant une grande confusion des genres entre un discours qui prétend défendre les petites gens, les bons Français qui travaillent honnêtement, et le fait qu'on ne parle que d'insécurité, de montée de l'islamisme etc. au moment où il faudrait surtout parler d'économie et de salaire, qui est le noeud du problème. Pour moi, pendant des années, j'ai contribué à créer l'écran de fumée qui protège ceux contre lesquels je me battais vraiment au fond de mon coeur : les profiteurs.

Comment regardez-vous, aujourd'hui, le militant que vous étiez ?

Moi et les autres on s'est laissé avoir. Il n'y avait pas de travail dans le village, on était désoeuvré, on avait l'impression d'être inutile et rejetés par la société. D'ailleurs il ne se passait jamais rien chez nous en terme de délinquance, et les seuls étrangers étaient les fils de réfugiés espagnols.

Pourquoi avez-vous demandé qu'on change votre prénom et qu'on ne présente pas votre photo dans cet article ?

Il est évident qu'il y aurait des représailles contre moi.

 

(1) Nom d'emprunt



09/10/2012

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