Vigilance Isère Antifasciste

Vigilance Isère Antifasciste

"En Grèce, la peste brune tente de renaître." Par NPA

Extrait de l'article du NPA : " Gréce, la crise au quotidien", 7 avril 2012 :

 

La peste brune tente de renaître

 

S’ils étaient relativement discrets depuis 1974, année de la chute de la dictature militaire, les fascistes n’avaient jamais complètement disparu, exploitant sans vergogne le nationalisme, l’antisémitisme et tentant depuis plusieurs années de se reconstruire sur la base de campagnes racistes contre les nombreux immigrés arrivant d’Afrique ou d’Orient. Cette extrême droite a aujourd’hui un double visage :
- institutionnel avec le parti Laos, sorte de Front national, autour de son caudillo Karatzaferis. Celui-ci a raté comme on le prévoyait son pari politique : appuyer la politique de Papandréou par conviction mais aussi pour offrir un visage présentable et entrer dans le gouvernement d’union nationale qu’il prêchait. En fait, il y a bien sûr laissé des plumes, a fait sortir ses ministres (mais deux ont rejoint le parti de droite !) et du coup refonde son action en retrouvant ses accents anti-immigrés coutumiers.
- Des activistes néonazis, petites frappes regroupés dans Chryssi Avgi (« Aube dorée »), dont le chef est un terroriste ancien poseur de bombes. Ouvertement protégés par les MAT (CRS grecs) et servant à l’occasion d’auxiliaires de la police, ils ont connu un succès certain dans un quartier du centre d’Athènes en organisant une partie de la population contre les immigrés qui y vivent dans la misère.Des vols mais aussi quelques meurtres commis par des immigrés ont été le prétexte à un déchaînement raciste, avec expéditions violentes et formation de groupes de « vigilance », et l’intolérable élection comme conseiller municipal d’Athènes du chef du groupuscule, n’hésitant pas à faire le salut nazi dans la mairie.

Désormais, le groupe, comme blanchi par la participation de son homologue Laos au gouvernement, tente de passer à la vitesse supérieure, en banlieue et en province : d’un côté tentatives de s’introduire dans les rassemblements des IndignéEs, de l’autre embrigadement de jeunes pour aller frapper immigrés et antiracistes. Ils tentent même des incursions dans des banlieues à tradition démocratique, comme cette semaine à Nea Smyrni où ils ont blessé deux réfugiés syriens sur la place centrale pleine de gens qui n’ont pas réagi.

De son côté, le Réseau de recensement des violences racistes note une croissance exponentielle des agressions, et s’inquiète de la participation de jeunes mineurs.


Face à cette situation, le gouvernement fait le choix conscient de conforter le racisme et donc les violences fascistes, avec une politique et des propos illustrés par le ministre de « la protection du citoyen », Michalis Chryssochoïdis, très réactionnaire cadre du Pasok. Justifiant l’ouverture d’un véritable camp de concentration pour les immigrés fuyant leurs conditions de guerre et de misère (1 000 places dans une ancienne caserne qui sera gardée par une milice privée), il déclare (cité par Epochi) : « Nous devons affronter avec résolution la question de l’immigration, qui désormais s’est transformée en un problème social et national. » Et parlant de la politique des camps : « C’est la seule voie qui nous permettra de neutraliser cette bombe (sic). Autrement, fatalement, nous serons menés à la catastrophe. Et donc, on ne peut pas en supporter davantage en tant que société. Des centaines de milliers d’hommes pauvres et misérables dans les rues, sans travail, sans activité et affamés, victimes des milieux du commerce des esclaves : il est de la plus grande nécessité que nous avancions. » Le gouvernement a depuis annoncé la construction de 30 camps semblables dans le pays, pour regrouper 30 000 immigrés. Parallèlement a lieu une grosse campagne gouvernementale et médiatique sur le danger que représenterait cette population, y compris pour la santé publique.


Le ton est donné… Et les tâches antiracistes et aujourd’hui antifascistes sont donc extrêmement urgentes. Il y en a au moins deux :
- une bataille centrale pour les droits des immigrés, notamment celui à un accueil digne des droits de l’homme. De ce point de vue, il faut certes en finir avec la politique qui pousse des immigrés sans ressources à survivre dans des conditions terrifiantes et dangereuses dans certains quartiers d’Athènes, mais supprimer les bancs publics sur des places centrales, comme l’a fait le maire de la capitale, renforce l’exclusion et justifie le racisme. Or, les revendications concernent au même titre la population grecque et immigrée : création d’emplois, notamment dans le secteur de la construction (secteur sinistré), droit à des soins de qualité, droit à l’éducation (cette année, absence de manuels scolaires pendant des mois, écoles fermées par mesures d’économie)…
- unité du mouvement antiraciste pour lui donner le caractère de masse et d’efficacité nécessaires. Le 17 mars, une manif de 1 000 personnes s’est dirigée (et a été bloquée par la police) vers Aghios Pandelimonas, le quartier où sévissent les néonazis. Cette manif, appelée par une association liée comme souvent en Grèce à une organisation politique, constitue l’exemple d’une riposte nécessaire mais très insuffisante.


À l’heure où les néonazis sont crédités dans les sondages de scores parfois supérieurs à ceux de Laos et pourraient avoir des députés, des campagnes de masse unitaires et prolongées sont à l’ordre du jour, et quelques exemples apparaissent, avec la participation massive de lycéens. Empêcher le développement des fascistes et reconquérir par des mobilisations de masse et des perspectives anticapitalistes les quartiers tombés dans leurs mains fait partie des urgences !

 



08/04/2012

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