Vigilance Isère Antifasciste

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Les réseaux radicaux de Robert Ménard (par Mediapart)

Le système Ménard, ce fascisme municipal.

Voir  la partie 1 de l'enquête Mediapart : A Béziers, le laboratoire de la nouvelle extrême droite de Robert Ménard (enquête Mediapart)

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MEDIAPART, 15 février 2015 |  Par Marine Turchi :

Les réseaux radicaux de Robert Ménard

 

Le maire de Béziers s'affiche au-dessus des partis et refuse l'étiquette d'extrême droite. Pourtant son réseau est clairement ancré à la droite extrême : identitaires placés dans son cabinet ou venus travailler avec la ville, invités ultra-réactionnaires pour « libérer la parole » à Béziers, tournée de conférences à l'extrême droite.

·  « Je me contrefous des liens ! » Quand on l’interroge sur les CV politiques de ses entourages, Robert Ménard s’énerve et accuse de « ramener de nouveau au fantasme de l’extrême droite ». Le maire de Béziers (Hérault) se présente comme le maire « de tous les Biterrois », au-delà des partis, et a toujours assuré qu'il « n'(était) pas d'extrême droite » et ne « vot(ait) pas pour le Front national ».

Pourtant, un an après son élection, il n'est plus soutenu que par le FN et le MPF de Philippe de Villiers. Du Front national aux identitaires, en passant par Éric Zemmour ou Renaud Camus, son réseau est clairement ancré à la droite extrême : identitaires placés dans son cabinet ou venus travailler avec la ville, tournée de conférences à l'extrême droite, invités ultra-réactionnaires pour « libérer la parole » à Béziers.

Le lien avec l’extrême droite, ce ne sont pas les médias qui le font, mais Robert Ménard lui-même. En juin dernier, le maire de Béziers congédie son chef de cabinet, Christophe Pacotte, deux mois seulement après son arrivée. Motif ? « Confiance rompue ». La presse vient de révéler que Pacotte comptait encore parmi les dirigeants du Bloc identitaire. 

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Christophe Pacotte sur l'affiche de la réunion militante du Bloc identitaire, le 5 octobre 2013.

Difficile pour Robert Ménard de l'ignorer : son nom apparaît dans l'organigramme du mouvement. En octobre 2013 encore, Pacotte animait une réunion du Bloc à Lille. Sur l'affiche (ci-contre), il est présenté comme membre du bureau directeur du parti.

« Les gens qui sont venus avec moi – il y en avait un qui était au Parti socialiste –, je leur ai dit que “quand on travaille avec moi on n'est plus dans un parti”, c’est tout, explique aujourd’hui Robert Ménard. Ceux qui sont restés dans un parti, en l’occurrence Monsieur Pacotte, n’ont aucune place dans mon équipe. Je lui ai dit et en un quart d’heure, c’était réglé. »

Le maire n’évoque pas un autre « élément catalyseur » décisif, selon la formule d’un de ses très proches : le retrait de Michel Cardoze, la veille. L’ancien présentateur météo de TF1, qui l’avait rallié quelques jours plus tôt comme conseiller culture, renonce à sa « mission ». Il se plaint d’« amalgames désagréables » et refuse l’étiquette “extrême droite” accolée par ses détracteurs. Car la médiatisation de l’arrivée de deux identitaires au cabinet du maire de Béziers a mis à mal son slogan de rassemblement apolitique. Au « Grand Journal », en mai, l’édile peine à défendre les parcours et prises de position de ses recrues. Le numéro deux du FN, Louis Aliot, se fait un plaisir de souligner que Ménard s’est entouré de « gens beaucoup beaucoup plus radicaux que ne le sera jamais le Front national ». Le maire doit rassurer localement. Exit, donc, Christophe Pacotte.

Mais pour les opposants de Ménard, l'identitaire œuvrerait encore en sous-main pour le maire de Béziers. L'ex-chef de cabinet n'est pas allé très loin : il est devenu en décembre le responsable FN de la campagne des départementales dans l'Hérault. Dans ce dispositif, il est un interlocuteur privilégié pour Robert Ménard, d'autant plus après l'accord passé entre celui-ci et Marine Le Pen pour les départementales à Béziers. Les deux hommes se sont vus et appelés régulièrement ces derniers mois.

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Le journal municipal de Béziers de janvier 2015.

Lors de la marche républicaine à Béziers, après les attentats de Paris, Christophe Pacotte est présent avec des militants d'extrême droite sous la banderole « non au terrorisme islamiste ». La photo fera d'ailleurs la une du journal municipal.

Pendant la campagne déjà, l’ancien secrétaire général de Reporters sans frontières a fait en sorte que ses soutiens identitaires n’apparaissent pas dans les médias. Ils étaient pourtant clairement au cœur du dispositif de campagne. Pacotte a proposé ses services dès juin 2013. D’après un proche du maire, « il a tapé à la porte de sa permanence. Ménard cherchait du monde pour l’accompagner dans sa campagne. Petit à petit, il est devenu le point d’ancrage: il dirigeait la campagne, il s’occupait aussi bien de la communication que de la confection et l’impression des tracts des équipes de tractage. Il a amené son savoir-faire de militant politique ».

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Arnaud Naudin participant à la campagne de Robert Ménard, en septembre 2013. © Facebook d'Arnaud Naudin.

Christophe Pacotte ne vient pas seul, il amène Arnaud Naudin, un autre cadre du Bloc identitaire (il est le rédacteur en chef de Novopress, le site d’informations du mouvement), qui fait un passage éclair en septembre 2013. Un mois plus tard, lorsque la presse révèle leur présence dans l’équipe, Ménard reconnaît : « Ils nous aident dans la campagne. Ils sont les bienvenus. »

Mais le candidat refuse de s’afficher avec eux. D’après un responsable de l'équipe de campagne, il a demandé à Christophe Pacotte « d’être discret par rapport aux journalistes ». Le soir du premier tour, l’identitaire reste cantonné au premier étage du QG, avec sa famille, loin des caméras. « Les rideaux étaient tirés, on ne comprenait pas pourquoi on n’avait pas accès au premier étage, raconte un journaliste présent. Pacotte n’est pas sorti, il a attendu que tous les journalistes partent pour descendre. » Au seul photographe autorisé à pénétrer dans les coulisses, Ménard et sa femme expliquent qu’il ne faut pas qu’il apparaisse « car pour l’instant il est dans l’ombre ». Pas de photo grand angle de l’étage, donc. Même chose au second tour. Robert Ménard lui explique cette fois-ci qu'il « brigue la présidence de l’agglo » et que Pacotte ne doit donc pas apparaître. « C’était pour éviter que l’on reparle des identitaires », confirme l'un des pilotes de la campagne.

« Invraisemblable ! répond Ménard. Pacotte était avec moi pendant six mois tous les jours en porte-à-porte ! » Mais « ce n’était pas à lui de se mettre en avant, c’est au candidat. Personne d’autre que moi ne répond aux médias avant les élections, pendant les élections, après les élections. »

image004.pngChristophe Pacotte dans son bureau à la mairie de Béziers, en septembre 2013.

Un autre ancien responsable de la campagne évoque « un avant-après les élections » et jure que « tout l’aspect “extrême droite” n’était pas visible pendant la campagne, ni dans l’idéologie, ni dans l’entourage de Ménard. On a animé une équipe qui n’était pas politisée, avec des citoyens, et une part de politiques minoritaire. Il y a eu une dérive idéologique. L’arrivée de Christophe Pacotte a semé le trouble, il avait un rôle d’homme à tout faire, puis il est officieusement devenu directeur de campagne. On a cru qu’il n’y avait qu’un arbre, en réalité c’était l’arbre qui cachait la forêt… ».

André-Yves Beck, « le grand patron » à la mairie

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André-Yves Beck. © dr

Car un autre personnage clé issu de l'extrême droite restera invisible jusqu'à la fin de la campagne : André-Yves Beck. Cet ancien idéologue des Bompard dans le Vaucluse s’est pourtant imposé comme le cerveau de l'équipe. Et ce malgré un parcours à l’extrême droite radicale, sous divers pseudonymes : Beck fut membre de Troisième voie, puis fondateur de Nouvelle Résistance, un groupe nationaliste-révolutionnaire, avant de se rapprocher des identitaires.

À Orange, Beck a été l’artisan de la politique d’extrême droite de Jacques Bompard, élu et réélu depuis 1995. C’est lui qui a piloté la censure dans la bibliothèque municipale lors du premier mandat. Lui qui, en 2013, racontait avoir fourni « bien volontiers » au journal d'extrême droite Minute des informations sur le mariage jugé trop bruyant d’un jeune couple issu de l’immigration.

« On est passé d’un rassemblement apolitique à des positions extrémistes, dénonce le conseiller municipal RPF Brice Blazy, qui a lâché Ménard pour la droite. Aujourd’hui il n'a plus que le soutien du Front national, et il est même plus à l'extrême droite que lui ! On est très loin de ce qui était prévu. » L’élu raconte sa surprise d’avoir vu soudainement apparaître Beck. « On travaillait avec Grégoire Annet (directeur de campagne de Ménard jusqu’en novembre 2013 et membre du parti de Dupont-Aignan, ndlr), qui devait être directeur de cabinet. En février, Pacotte le remplace, et Beck apparaît soudainement en copie de l’un de nos échanges de mails. » Un mois plus tard, Rue89 croise Beck au QG de campagne. Embarrassé, Robert Ménard évoque une simple « visite » et met fin aux questions de notre consœur.

Propulsé directeur de cabinet, beaucoup voient en Beck « le grand patron », résume l'élu communiste Aimé Couquet. « Comme à Orange, Beck a mis la main sur l’administration. À chaque conseil municipal, il est derrière Ménard », raconte-t-il. « C'est l’idéologue, celui qui tient la route intellectuellement dans une équipe très amateur. Ils se sont partagé les rôles. Ménard fait le volet communication, les relations publiques, Beck est le vrai pouvoir », explique Alain Renouard, l’ancien responsable de la médiation licencié par Ménard. « La diffusion d'une idéologie à travers une organisation, des personnes, la communication du maire, ça c’est l'œuvre de Beck », estime Brice Blazy.

L'ancien idéologue de Jacques Bompard importe-t-il le modèle d'Orange à Béziers ? Un nouveau chef de la police municipale a déjà fait son entrée dans l’organigramme, en provenance de Bollène, ville de Marie-Claude Bompard. Mais impossible de joindre André-Yves Beck. Robert Ménard verrouille la communication. « Le cabinet n'a pas à répondre à la presse, c’est le maire qui répond », nous explique-t-il.

Ses opposants dénoncent aussi un « grand ménage » dans l'administration de la ville. « Il avait promis qu’il n’y aurait pas de chasse aux sorcières, mais six postes de directeurs ont été supprimés ou non renouvelés », explique Aimé Couquet. Alain Renouard, qui avait ouvertement soutenu l’UMP Élie Aboud, estime que son licenciement est « lié à (ses) prises de position. J’ai fait jour de mes divergences professionnelles. Je n’adhère pas à la nouvelle orientation de la mairie ».

« Ils veulent faire des économies, mais ils tapent sur ceux qui ne pensent pas comme eux, ou ceux qu’ils suspectent de ne pas penser comme eux, ou ceux qui par l’image, la symbolique, ne sont pas conformes à ce qu’ils veulent », explique sous couvert d’anonymat un directeur de service écarté.

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Renaud Camus à la manifestation d'extrême droite « Jour de colère », en janvier 2014. © N.S. / Mediapart

Le réseau d’extrême droite de Robert Ménard se diffuse au-delà de l’organigramme de la mairie. Il est visible dans certains marché et partenariat. La ville a ainsi accordé un contrat de 25 000 euros à l’écrivain d’extrême droite Renaud Camus pour rédiger un livre sur Béziers. Ce théoricien du « grand remplacement », proche des identitaires et condamné pour « provocation à la haine religieuse et à la violence », veut lancer un Pegida en France. Mais Ménard préfère retenir qu’il est « l'une des plus belles plumes actuelles de la littérature française » et répond qu'« il a les idées qu'il a ».

Un autre identitaire est venu faire affaire à Béziers : Robert Ottaviani, ex-chanteur de rock identitaire et ancien cadre du Front national. En septembre, Robert Ménard a inauguré les locaux d'une mutuelle sociale qui propose des contrats avantageux aux Bitterois. Le maire se dit « très fier de ce dispositif » qui « ne coûte rien (à la ville) ». « Nous en avons fait la promotion. Les villages autour nous demandent d’en bénéficier. Cela veut dire que ça répond à une vraie demande », se félicite-t-il, en affirmant que « 1 000 personnes y ont déjà souscrit ».

Le maire a moins communiqué sur la société qui pilote ce projet, Traditia. Comme l’a révélé Rue89, cette entreprise spécialisée dans le courtage en assurances compte parmi ses actionnaires, depuis le mois d'août, Robert Ottaviani. Comment cette société bordelaise est-elle arrivée à Béziers ? « Ce sont les gens de cette Mutuelle qui ont pris contact avec moi, car ils ont su que je faisais campagne là-dessus, je ne les connaissais pas. Ils nous ont fait une superbe proposition, explique Robert Ménard. Robert Ottaviani m’a sollicité directement, même pas lui, son patron, dont je n’ai pas le nom. »

Robert Ottaviani n’est pas arrivé par hasard : c’est son ami Christophe Pacotte, alors chef de cabinet de Ménard, qui l’a contacté. « Il fallait trouver un mutualiste. Pacotte a contacté Ottaviani, il a étudié le projet. Ça marche bien, le service est largement rentable », explique un très proche du maire.

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Robert Ottaviani et Christophe Pacotte en septembre 2013.

« Il n’y a eu aucun appel à la concurrence. La mairie en a fait la pub. On donne trois sous aux amis, c’est ça le but ! Sous couvert de dire “il faut faire travailler les Biterrois", ils vont faire avancer deux ou trois marchés pour des amis », dénonce le communiste Aimé Couquet. « C’est une société de courtage et de placement qui a passé un contrat avec une assurance, il n’y a eu aucune consultation », estime le socialiste Jean-Michel du Plaa.

« La seule chose qui m’intéresse dans cette opération, c’est qu’il y a vingt familles qui tous les jours vont trouver une solution à leurs problèmes de santé. Ce qui compte, ce ne sont pas les liens, c’est qu’on est la première ville à mettre en place ici une Mutuelle pour les plus pauvres, s’énerve Ménard. Moi je ne me réclame pas de la gauche, mais je le fais. »

La tournée de conférences à l'extrême droite de Robert Ménard

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Robert Ménard et Eric Zemmour à Béziers, le 16 octobre 2014.

Le maire a aussi mis en place des conférences mensuelles pour « libérer la parole » en invitant ceux qui « dérange(nt) ce système ». La ville assure ainsi la promotion d'essayistes et politiques déroulant un même logiciel ultra-réactionnaire : Éric Zemmour, Philippe de Villiers, Laurent Obertone – l'auteur de pamphlets sécuritaires. À chaque fois, la visite est rentable pour les auteurs : de larges campagnes d’affichage municipal, entre 150 et 300 exemplaires vendus.

« C’est un choix, je n'ai pas pensé à Jean-Luc Mélenchon tout de suite. Et même, j’invite qui je pense intéressant d’inviter pour les Biterrois, c’est vous que ça intéresse ! » répond Robert Ménard, sans divulguer les noms des futurs invités.

Entre Zemmour et Ménard, les liens sont étroits. Le polémiste est monté au créneau pour défendre l’installation par l'édile d’une crèche dans le hall de la mairie en évoquant la « symbolique » « de conquête d'un territoire » dans un centre-ville où « il n'y a plus que des populations maghrébines » et « 80 % de femmes voilées ». Ménard lui a également apporté son soutien régulier, encore en décembre lors de son éjection d’i-Télé : « Défendre Éric Zemmour, c'est défendre la France », déclare-t-il sur son site Boulevard Voltaire en dénonçant des « procès en sorcellerie » de la presse.

Cette ligne, Robert Ménard l’affiche depuis plusieurs années. Dans ses livres, La Censure des bien-pensants en 2003, Vive Le Pen ! en 2011, Vive l'Algérie française ! en 2012. Dans sa revue Médias, dont il a ouvert les colonnes à Jean-Marie Le PenMarine Le PenAlain SoralRenaud Camus, Christian Vanneste, ou encore Pierre Cassen, le fondateur du site islamophobe Riposte laïque. Puis sur son site Boulevard Voltaire, où il prend des positions proches du FN. Au point qu'en 2012Minute fait son éloge en le qualifiant d’« esprit libre à 100 % » qui a « déclar(é) sa flamme à Jeanne d’Arc » et donné la parole aux anti-avortement. 

Ces deux dernières années, il a réalisé une grande tournée de conférences dans des clubs d'extrême droite. En janvier 2013, il participe à un colloque organisé à l’Assemblée nationale par le député Jacques Bompard et le souverainiste Paul-Marie Coûteaux. Parmi les invités, le frontiste Gilbert Collard, le secrétaire général de l'Action française – mouvement royaliste héritier de Charles Maurras –, les responsables de Riposte laïque et deux UMP.

En janvier toujours, il est au dîner-débat d'extrême droite des Ronchons. En avril, il était l'invité du Cercle Ogmios dans la Nièvre. Le maire de Béziers a aussi fait des interventions chez les royalistes en 2013 et 2014. Il a convié Dieudonné et Alain Soral dans son émission sur Sud Radio (exemples ici et ). Cet automne, il n’a d’ailleurs pas exclu d'inviter les deux compères à ses conférences biterroises, malgré leurs propos antisémites. En mai 2013, un mois avant la mort de Clément Méric, il intervient au Local de Serge Ayoub, le leader des Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR), qui seront dissoutes dans la foulée :

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Serge Ayoub lui-même annonce la conférence de Robert Ménard sur son compte Facebook.

En juillet 2012, il débat sur l’antenne de Méridien Zéro, la radio du Mouvement d’action sociale (MAS), groupuscule ouvertement néo-fasciste. Il a aussi signé, aux côtés de plusieurs négationnistes, une pétition demandant la libération du révisionniste néo-nazi Vincent Reynouard, condamné à de la prison ferme pour contestation des crimes contre l'humanité de la Seconde Guerre mondiale en 2007 et 2015 (le parquet a fait appel dans ce dernier cas). Robert Ménard a aussi reçu la visite, lorsqu'il était à la tête de Reporters sans frontières, d'une figure du négationnisme : Robert Faurisson, dont il avait défendu le droit à s’exprimer.

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L'affiche de la conférence de R. Ménard à la Traboule à Lyon.

Mais c’est avec les identitaires que les liens sont les plus évidents. En 2011, il intervient devant la fondation Polémia, dirigée par l'ex-FN Jean-Yves Le Gallou, dont l'objectif est d'« affirmer sans complexe la supériorité de la civilisation européenne ».

Il donne plusieurs conférences dans les antennes locales des identitaires, à Nice en février 2013, à Lyon un mois plus tard, et il était annoncé à Nantes en juin 2013. Il est d’ailleurs le président du comité de soutien des quatre militants de Génération identitaire poursuivis pour avoir occupé la mosquée de Poitiers fin 2012, aux cris de « À Poitiers, ni kebab, ni mosquée » ; « Gaulois, réveille-toi, pas de mosquée chez toi ». Ce comité a réuni plusieurs figures identitaires, comme Jean-Yves Le Gallou ou Renaud Camus.

https://www.youtube.com/watch?v=pEHyugKHPS8

À chaque intervention, le maire de Béziers enveloppe son propos du principe de liberté d’expression. « Je vais partout où on m’invite et je fais ce que je veux. Eh oui, c’est ça, la liberté ! répond-il à Mediapart. Quand je suis allé devant les patrons en Vendée, c’était quoi, l’extrême droite ? »

Sauf que tout semble ramener Robert Ménard à cette même nébuleuse. Son épouse, Emmanuelle Duverger, un ancienne militante des droits de l'homme avec qui il a coécrit plusieurs ouvrages, catholique anti-mariage pour tous, est une « proche de la nébuleuse Civitas » d'après Libération« Il ne faut pas sous-estimer l’influence politique de sa femme. Elle tient Boulevard Voltaire. Elle est à l'origine de certaines idées, comme les blouses dans les écoles de Béziers », explique le socialiste Jean-Michel du Plaa. « Sa femme fait un gros boulot de lobbying », affirme Brice Blazy. À la conférence de Zemmour, c'est elle qui a fait venir des étudiants de la Haute école de journalisme (HEJ), école privée à Montpellier où elle enseigne.

Lorsque Ménard se rend en Syrie, en octobre 2014, c’est avec André-Yves Beck et Benjamin Blanchard, l'ex-collaborateur de Jacques Bompard, et trésorier de l'association SOS Chrétiens d'Orient. « Beck, Blanchard, Le Gallou, Camus, etc. On est dans la même mouvance », souligne Jean-Michel du Plaa.

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Marion Maréchal-Le Pen venue soutenir Robert Ménard, à Béziers, le 13 décembre 2013. 

Cette tournée a abouti début 2013 à des discussions avec le Front national. C'est avec Marine Le Pen que Robert Ménard a négocié un soutien à sa candidature, puis, tout récemment, un accord local pour les départementales. « Il a su nouer tous les fils de la nébuleuse “droite nationaliste” et les unir. Ce qui l’intéressait, c’était les labels. Sans le FN, jamais il n’aurait pu l’emporter », estime Jean-Michel du Plaa. « Ménard a réussi à fédérer les partis d’extrême droite et à phagocyter des voix de l’UMP, en profitant du ras-le-bol du maire UMP sortant, explique Aimé Couquet. Il fait l’union des droites et extrêmes droites. »

 

 

 



16/02/2015

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