Vigilance Isère Antifasciste

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UMP-FN, le poison des "valeurs communes" et la fausse égalité FN = PS-Front de Gauche

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LE MONDE |14.06.2012 . Edito + article :

UMP-FN, le poison des "valeurs communes"

Cela fait bientôt trente ans que la droite française est confrontée à la concurrence du Front national et aux poisons que le parti d'extrême droite a inoculés dans la société et la vie politique du pays. Bientôt trente ans que les responsables du RPR, de l'UDF et maintenant de l'UMP se balancent d'un pied sur l'autre devant la menace que fait peser sur eux le mouvement lepéniste : partagés entre la tentation de passer des alliances avec lui pour l'emporter sur la gauche et la crainte d'y perdre leur unité, leur identité, voire leur âme.

Cette hésitation a resurgi périodiquement, depuis l'élection municipale de Dreux, en 1983 : accords lors des élections régionales de 1986 ; main tendue lors de la présidentielle de 1988, lorsque Charles Pasqua, alors ministre de l'intérieur, assure que "le FN se réclame des mêmes valeurs que la majorité" ; propos dévastateurs de M. Giscard d'Estaing sur l'immigration, assimilée à "une forme d'invasion" ; accords dans plusieurs régions en 1998, en dépit du cordon sanitaire établi tant bien que mal par les responsables du RPR.

Durant toutes ces années, cependant, le Front national restait globalement infréquentable, du fait des saillies antisémites de Jean-Marie Le Pen et de ses nostalgies plus que douteuses. Son remplacement par sa fille, le travail de "dédiabolisation" engagé par celle-ci et ses succès électoraux, amorcés lors des élections cantonales de 2011 et confirmés de façon éclatante au premier tour de la présidentielle, ont replacé la droite sous une pression redoutable.

D'autant plus redoutable que l'ostracisme à l'égard du FN paraît de moins en moins compréhensible à un nombre croissant d'élus locaux ou d'électeurs de droite. Et pour cause. Le quinquennat de Nicolas Sarkozy et, plus encore, sa campagne de 2012 ont marqué un indéniable glissement vers les thèmes, la rhétorique et les obsessions du parti d'extrême droite, qu'il s'agisse de l'identité nationale, de la lutte contre l'immigration, de la protection des frontières ou de la croisade contre l'"assistanat".

L'attitude adoptée aujourd'hui par les responsables de l'UMP, à commencer par son secrétaire général, Jean-François Copé, constitue une ultime digue pour éviter la porosité généralisée avec l'extrême droite : ni soutien au FN ni "front républicain" avec des candidats de gauche contre le FN.

Hélas, la fragilité de cette position est évidente. Non seulement des entorses ont été constatées, ici ou là, et mollement condamnées par l'état-major de l'UMP, à la plus grande satisfaction de Mme Le Pen. Mais surtout, en dépit des mises en garde d'un Alain Juppé ou d'un Bruno Le Maire, s'exprime, chaque jour davantage dans les rangs de la droite, le sentiment que celle-ci partage des "valeurs communes" avec le FN. Même François Fillon justifie désormais les propos de cette nature.

Cela ne constitue pas encore une "alliance stratégique", comme l'a dénoncé le premier ministre, Jean-Marc Ayrault. Mais une indéniable victoire idéologique de l'extrême droite, plus qu'inquiétante pour l'avenir.

 

- Le Monde 14 juin : Droite : trente ans d'hésitations face au FN

 

Depuis trente ans déjà, la délicate question des alliances avec le Front national se pose à droite. Au début des années 1980, des accords sont parfois conclus, pour des élections locales, entre des élus des deux bords qui invoquent alors une commune hostilité au communisme.

En 1986, les élections législatives, au scrutin proportionnel, font entrer 35 députés FN, preuve que le parti de Jean-Marie Le Pen est devenu incontournable. Les élections régionales, qui ont lieu le même jour, le confirment, et des accords locaux sont conclus par le RPR et l'UDF pour faire barrage à la gauche. Avec succès, puisque vingt présidences de région sont remportées par la droite.

Le problème s'aggrave deux ans plus tard, en 1988. M. Le Pen fait une percée en rassemblant 14,3 % des voix au premier tour de l'élection présidentielle. Jacques Chirac (RPR), opposé à François Mitterrand au second tour, se garde de tendre la main publiquement à l'extrême droite, mais son ministre de l'intérieur, Charles Pasqua, déclare que, "sur l'essentiel, [le FN] se réclame des mêmes préoccupations, des mêmes valeurs que la majorité" et qu'"il n'y a pas de honte à dire que nous voulons une France forte". Ces mots se retrouveront dans le discours de Nicolas Sarkozy vingt-quatre ans plus tard.

François Mitterrand, réélu, dissout l'Assemblée nationale. Le FN prévient alors, par la bouche de Jean-Claude Martinez, député sortant de l'Hérault, que "l'UDF et le RPR préparent un Hiroshima politique s'ils refusent l'accord" aux législatives à venir.

 

ACCORDS LOCAUX EN 1988

Dans les Bouches-du-Rhône et le Var, des accords de désistement réciproque sont conclus par les dirigeants locaux de l'UDF, notamment Jean-Claude Gaudin à Marseille. Au RPR, M. Pasqua explique que "l'objectif numéro un est de battre les socialistes" qui, eux, "n'hésitent pas à tout mettre en œuvre pour récupérer les voix des communistes". M. Chirac garde le silence sur ces alliances et, à droite, il n'y a guère que l'ancien ministre de la santé, Simone Veil, pour déclarer qu'"entre un Front national et un socialiste, [elle votera] pour un socialiste".

A gauche, les accords entre la droite et le FN sont condamnés, tout comme la symétrie entre le Front national et le Parti communiste établie par la droite. L'issue du scrutin marquera, sans surprise, la défaite de la majorité sortante UDF-RPR, mais pas la fin des relations compliquées entre la droite et l'extrême droite.

En 1991, Michel Poniatowski, toujours proche de Valéry Giscard d'Estaing, se prononce pour une alliance avec le parti de M. Le Pen en vue des élections régionales et cantonales de 1992, en estimant que "le risque socialiste et communiste est dix fois plus grand". Ces déclarations ne sont pas approuvées par tous, à l'UDF, qui commence alors à se fissurer.

 

CHARLES MILLON SANCTIONNÉ

Après les élections régionales de 1998, des alliances droite-FN pour les présidences de conseils régionaux secouent l'UDF. Celle-ci se déchire entre le centriste François Bayrou, qui les condamne, et le libéral Alain Madelin, qui les défend, tandis que, au RPR, Philippe Séguin et Nicolas Sarkozy les combattent.

Pour la première fois, des sanctions sont prises : Charles Millon, Jacques Blanc et Charles Baur, élus présidents avec les voix du FN dans leurs régions, sont exclus de l'UDF, et Jean-François Mancel, président du conseil général de l'Oise, est exclu du RPR pour la même raison.

L'élection présidentielle de 2002 a officialisé l'incompatibilité entre la droite parlementaire et le Front national, M. Chirac affrontant M. Le Pen, au second tour, avec l'appui de la gauche, et refusant de débattre avec le chef de l'extrême droite.

 



16/06/2012

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