Extrême-droite : assez de crimes, assez de violences ! (par Memorial 98)
L'association Memorial 98 est membre de la CONEX - Coordination nationale contre l'Extrême-droite
Nous rendons hommage à Clément Méric, militant antifasciste, étudiant à Sciences Po où il militait au syndicat Sud qui a été tué hier en plein Paris par un groupe de militants d’extrême droite manifestement du Groupe JNR (Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires).
Violemment frappé au sol il a été déclaré en état de mort cérébrale à l’hôpital Salpetrière.
Nous adressons nos condoléances à sa famille et ses camarades.
Nous en appelons aux organisations antiracistes, aux syndicats et aux partis de gauche afin qu’ils organisent ensemble des manifestations de grande ampleur dans toutes les villes du pays pour affirmer la force et la détermination du combat contre l’extrême-droite.
Dans l’immédiat nous appelons à participer aux différentes initiatives prévues et demandons qu’elles revêtent un caractère unitaire et rassembleur.
Le crime d’hier est lié au contexte politique de radicalisation à droite que nous avons mis en lumière ces dernières semaines, notamment autour des manifestations contre le mariage pour tous et de l’« auto-exécution » de Dominique Venner (voir Peste brune : non à la parade de l'extrême-droite le 12 mai .
Après les manifestations du 12 mai : poursuivre la mobilisation.
Un suicide pour appeler à la violence.)
Les groupes les plus radicaux se sont sentis galvanisés par l'élan violent des manifestations homophobes et de la cohabitation droite-FN symbolisée par la présence de Gilbert Collard au premier rang des cortèges au côté des députés UMP. Dans la foulée, l’extrême-droite n'hésitait, à passer à l'attaque physique contre les manifestations ou les militants : le 1er mai dernier, un cortège en hommage à Brahim Bouaram, lui-même assassiné par des bonheads issus d’un défilé du Front National le 1er mai 1995, a été attaqué par une quarantaine de néo-fascistes armés. Les forces de police présentes sur place ont fait preuve de passivité et ont laissé l’attaque se dérouler, intervenant uniquement quand les antifascistes ont commencé à riposter.
ll ne s’agit pas ici de « groupuscules » sans importance ou anecdotiques: ces groupes sont parfaitement intégrés et tolérés, aussi bien dans les manifestations homophobes soutenues par l'UMP que dans les défilés du FN « dédiabolisé". C'est bien au sein du défilé du FN du 1er mai, au vu et au su de son service de sécurité, qu'ont par exemple été diffusées et collées des affiches comportant l'adresse personnelle de journalistes et d'intellectuels désignés comme les cibles à abattre.
Depuis des mois , c'est le laisser faire quasi-total, alors que se multiplient les actes de violences contre les membres des « minorités », ainsi que les attaques signées d'une croix gammée, d'une croix celtique, du sigle du GUD ou des Jeunesses Nationalistes contre les lieux de culte, les locaux associatifs ou politiques. Ainsi lors des manifestations homophobes contre le mariage pour tous, les divers groupes fascistes et intégristes s'en sont donnés à cœur joie dans le style du fantasme de « Février 1934 ».
Partout en Europe, l'ascension de l'extrême-droite « légale », va de pair avec celle des courants qui prônent ouvertement la violence et assument publiquement l'héritage des fascismes du XXe siècle. Partout en Europe, la dédiabolisation de l'extrême-droite légale va de pair avec la tolérance sur les agissements de l'extrême-droite radicale et violente, présentée par les pouvoirs publics, de droite ou hélas de gauche comme un « épiphénomène ». En France comme ailleurs, d'ailleurs ces deux extrême-droite sont liées organiquement et au quotidien : ainsi le mercredi 15 mai, l'invité de « 3ème Voie » au local parisien de Serge Ayoub, responsable des fameuses Jeunesse nationalistes révolutionnaires (JNR) mises en cause est Robert Ménard, journaliste reçu sur de nombreuses chaînes de télé et de nombreux médias radiophoniques. Ila annoncé sa probable candidature aux municipales à Béziers dans le cadre du Rassemblement Bleu Marine, censé constituer l'aile « modérée » du FN.
Après le « suicide » de Dominique Venner la réaction immédiate de Marine Le Pen a consisté à revendiquer une continuité avec le théoricien fasciste le plus marquant de la période d’après-guerre en déclarant: «Tout notre respect à Dominique Venner dont le dernier geste, éminemment politique, aura été de tenter de réveiller le peuple de France.». Des responsables de la droite de l’UMP comme Mariani mais aussi Mariton, héraut parlementaire du combat contre le mariage pour tous ont eux aussi rendu hommage à Venner, en passant sous silence son engagement fasciste enraciné. Nous avions mis en garde sur l’appel à la violence que constituait cet acte mis en scène.
La démocratie, c'est la protection du droit de chacun à vivre en paix ; elle ne consiste à pas autoriser les appels à la violence contre une partie de la population, même sous couvert de liberté d'expression. Ça suffit. Nous refusons de vivre dans la peur des violences qui entourent ces défilés de la haine.
Nous exigeons des pouvoirs publics qu'ils mettent un terme à cette agitation haineuse permanente et qu'ils prennent les mesures nécessaires pour rendre l'espace public à tous et à toutes.
Nous demandons à toutes les organisations progressistes et antiracistes et notamment aux plus importantes d’entre elles de prendre la mesure de la gravité de la situation et de mobiliser en conséquence.
Nous continuerons à ne rien laisser passer, à dénoncer inlassablement l’extrême-droite et ses idées de xénophobie et de haine, à montrer au gouvernement de gauche que celles et ceux qui l'ont porté au pouvoir n'acceptent pas les parades fascistes comme un mal nécessaire.
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