Vigilance Isère Antifasciste

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Politique anti-naturalisations : Guéant, en ministre de la xénophobie.

Depuis  l'Affaire Dreyfus, les années 1930, le régime de Pétain, c'est une tradition à l'extrême-droite de dénoncer "les fançais de papier" pour trouver  des bouc-émissaires coupables de tous les maux ( voir cet article de Gérard Noiriel)

Le gouvernement Sarkozy se félicite de sa politique reprenant la xénophobie du FN  et d'avoir fait chuter le nombre de personnes ayant pu acquérir la  la nationalité française de 30 %.

" Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, l'objectif n'est plus de favoriser les naturalisations mais de les freiner et de les sélectionner par l'origine" , commente l'historien Patrick Weil, spécialiste de l'immigration. 

 

Communiqué Ligue des Droits de l'Homme : Pour C. Guéant, une "bonne naturalisation" est une naturalisation empêchée "... Rappelons que dans les débats qui se sont déroulés dans la dernière période sur le droit de vote des résidents non européens aux élections locales, la droite s’est répandue dans les médias pour opposer à cette mesure une « véritable citoyenneté », passant par… la naturalisation.

Une orientation que Claude Guéant s’emploie à réduire comme une peau de chagrin. A moins évidemment qu’à ses yeux, les « bonnes naturalisations » soient justement celles qu’on empêche.

Ces affichages martiaux, davantage destinés à l’électorat du Front national qu’à toute autre chose, ne font que souligner une double urgence démocratique. D’une part accorder, enfin et comme l’a récemment voté le Sénat, le droit de vote des résidents non européens aux élections municipales ; d’autre part, rompre avec la stratégie de stigmatisation mensongère des populations migrantes ou assimilées."

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Rue 89, Pascal Riché, 18 janvier 2012 :

Claude Guéant a retiré le triple A du mot « naturalisation »

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« Naturalisation » est un beau mot de notre langue. Issu du vocabulaire botanique, il désigne un processus « naturel », celui de l'acclimatation. L'idée étant que tout étranger vivant sur le territoire a naturellement vocation à devenir français. Que la France est une terre d'accueil, qu'elle a les bras ouverts. Et que les étrangers eux aussi ont droit à l'égalité.

Le ministre de l'Intérieur Claude Guéant, lors de sa présentation des résultats de sa politique migratoire, le 10 janvier, a dégradé ce beau mot. Il lui a retiré son triple A, il en a fait une « nturlistion ». Comment ? En se réjouissant, chiffres à l'appui, d'en avoir réduit le nombre.

« Je signale que l'ensemble des actions conduites en 2010 et 2011 a conduit à une baisse de 30% des naturalisations en 2011. Le chiffre est passé de 94 500 en 2010 à 66 000 en 2011. »

Guéant se félicite du recul des naturalisations

Regardez donc, nous dit ainsi Guéant, comme nous savons dire « non » à tous ces gens qui demandaient à devenir des Français ! Dire « non »... un travail très compliqué. Et Claude Guéant promet d'aller plus loin encore, dans cette politique difficile, car la loi permet désormais d'exiger dès 2012 un niveau de français supérieur à celui qui était demandé jusque-là.

Une coloration policière et punitive

Le fait que la naturalisation soit passée, sous Sarkozy, dans le champ de compétences du ministère de l'Intérieur préparait déjà cette politique du chiffre. Depuis la monarchie, les naturalisations relevaient du ministre de la Justice : le « Garde des sceaux », celui qui veille symboliquement sur le « grand Sceau de la France ».

Depuis le 1er juillet 2010, les préfets peuvent refuser un dossier de naturalisation, sur des critères qui varient forcément d'un département à l'autre. Dans les consignes, l'objectif n'est plus de naturaliser, mais de refuser de le faire. La politique de naturalisation prend une coloration policière et punitive.

« Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, l'objectif n'est plus de favoriser les naturalisations mais de les freiner et de les sélectionner par l'origine », commente l'historien Patrick Weil, spécialiste de l'immigration, dans un livre collectif qu'il a dirigé, « 80 propositions qui ne coûtent pas 80 milliards » (éd. Grasset). Selon lui, on assiste ainsi à « une lente dénationalisation, une “désintégration” calculée de notre politique de la nationalité ».

Dans le bilan du sarkozysme, la politique vis-à-vis des étrangers restera comme la plus indigne de son quinquennat.

Cela a commencé avec Brice Hortefeux, l'ami intime du Président, qui a le premier claironné des objectifs quantitatifs. Hortefeux ne cache pas aujourd'hui que ce chiffrage participait du « message » qu'il fallait alors lancer (en direction de l'électeur du Front national, bien sûr). Lorsque Nicolas Sarkozy par la suite fouettait ses ministres pour qu'ils participent au débat sur l'identité nationale, c'était aussi au nom du « message » : « Je veux du gros rouge qui tache ! » disait-il.

La naturalisation n'est plus une fête

Le « messager » a aujourd'hui le visage gargamélien de Claude Guéant, qui va plus loin encore que son prédécesseur, comme l'a montré sa volonté de s'en prendre aux diplômés étrangers dans une circulaire tellement scandaleuse qu'il a dû, face au tollé, reculer.

Au début de sa présentation sur les résultats de la politique concernant l'immigration et les naturalisations, Guéant a bien sûr récusé suivre une « politique du chiffre » : « Si nous voulons fixer des objectifs, il faut les quantifier », a-t-il argué. Mais l'ensemble de ses propos démentait son vertueux préambule. Une de ses phrases qui dit tout de cette obsession comptable :

« Notre politique ne se réduit pas à des chiffres, même quand à l'image de cette année 2011, j'y reviendrai dans un instant, ils sont très bons. »

Ces objectifs qu'il se fixe n'ont souvent pas de sens, sinon de battre le chiffre précédent. Une des premières choses que fait Guéant, en arrivant au ministère, est même de relever légèrement l'objectif annuel des « mesures d'éloignement » (expulsions, dans la novlangue du ministère) de 28 000 à 30 000. « Non pas par souci de performance, mais parce que c'était nécessaire, vu la pression à laquelle nous sommes confrontés », précise-t-il. La pression, bien sûr...

Cette même approche du « record à battre » touche désormais l'accès à la nationalité française : faudra-t-il chaque année surpasser le nombre des refus ?

La naturalisation n'est plus une fête, c'est une mesure de police.



25/01/2012

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